Chats vigilants

Retour au calme après la tempête. Benjamin venait de loin mais il avait encore assez de puissance pour secouer la forêt. Pas assez pour balayer les couleurs d’octobre. Le calme est revenu mais le ruisseau gronde, les oiseaux ont le vol agité et les chats restent en mode haute vigilance.

Promesse d’une belle journée

Ce matin, la lune promet une belle journée en forêt de Darney. Bientôt, le petit croissant de lumière s’effacera dans la noirceur et les nuages mais aujourd’hui il annonce les plus belles, les plus chaudes des couleurs.

Encore une journée d’activité intense pour les jardiniers… et pour les chats qui chassent la taupe parmi les asters, les oiseaux dans le pommier de l’Himalaya.

J +1 Les chats reprennent le pouvoir

J +1, retour au calme après les vagues de visiteurs (merci Vosges Matin !). Ce fut une grande joie de partager le jardin et ses floraisons, de faire découvrir les créations des artisans d’art. C’est aussi un bonheur de redécouvrir notre petit univers en compagnie des chats, des oiseaux et du chant du ruisseau.

Sambucus nigra, le jeune sureau noir mêle ses premières enflorescences roses aux fleurs de Gertru Jekill…

Premières notes de bleu, prometteuses aux confins du potager abandonné…

Dans l’ombre du sous-bois, au bout de l’étang, le rhododendron prolonge sa floraison.

Dark beauty

Ligulaire ‘Dark Beauty’

Dark beauty

lumière dans la nuit de l’été

flamme en attente d’un retour

J -3 So British

L’été dernier, nous nous pensions condamnés à « acclimater » le jardin, à en faire un jardin sec, un jardin gris, peuplé de cactées et autres plantes piquantes. Le ciel en a voulu autrement, le jardin ressemble de plus en plus au jardin anglais tant espéré.

Un renouveau ou un dernier sursaut ? Peu importe puisqu’on n’y peut rien et qu’en attendant. on prend du vert plein les yeux, un vert généreux, juteux, parfumé.

J -3 pour l’ouverture des portes sous un ciel tout britannique, variable entre soleil et passages nuageux. Un temps idéal pour prolonger de belles floraisons.

J -7 Into the wild

L’entendez-vous ? Enfin, cette année, nos visiteurs pourront suivre le ruisseau en pleine activité, de cascade en cascade. Et s’ils s’aventurent à traverser le pont, ils découvriront le jardin côté sauvage. Les rhododendrons, les azalées, les bruyères, les hostas ont commencé à habiter la rive mais ils ne sont pas seuls…

Rendez-vous les 1, 2 et 3 juin !

La grande férule

La grande férule en majesté

Soleil des Hellènes

Délices des abeilles

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En dix jours, ce qui a soudainement surgi comme un niwaki, un arbre nuage, a déployé ses ombelles d’un jaune rayonnant.

Mêli-mêlo d’ancolies

« L’anémone et l’ancolie
Ont poussé dans le jardin
Où dort la mélancolie
Entre l’amour et le dédain »

« Clotilde », Guillaume Apollinaire

Non, point de bile, point de noirceur dans l’ancolie. Elle est gracieuse et fantasque, se ressemant là où le vent l’y pousse. Elle est rose nacré ou pourpre violacé, les pétales lisses ou chiffonnés, d’une morphologie aussi étrange que son étymologie.

Non, l’ancolie n’est ni mère ni fille de la mélancolie, la « bile noire » des Grecs (μελαvχολία composé de μέλας, « noir » et de χολή « la bile » ). Ou si peu…

Elle a suivi des chemins plus tortueux. Aquilegia vulgaris devrait son nom à ses cavités qui recueillent l’eau. A moins que le nom ne dérive de l’aigle, « aquila », à cause de ses étranges éperons en forme de crochet.

De dérive en dérive, en passant par la symbolique médiévale et la contamination avec la mélancolie, « Aquilegia » est devenue « ancolie ». Elle aime l’eau, la pluie, l’ombre et le soleil, la liberté.

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Niwaki ?

En tout début de printemps, quand seules les tulipes et les narcisses animaient le Jardin d’Adoué, je n’ai vu que lui : un grand buisson vaporeux au beau feuillage vert tendre, d’une improbable luxuriance au mois d’avril. Je suis rentrée avec un petit plant de cette vivace chevelue. Depuis quatre ans, elle donnait une jolie boule de feuillage qui se fondait peu à peu dans les touffes voisines.

Mais voilà que ce printemps, elle se décide à fleurir. On n’en est encore qu’aux boutons et j’espère qu’ils vont prendre leur temps pour s’ouvrir…

A contempler cette belle architecture végétale, j’ai l’impression que la nature m’a offert un arbre en nuages, un arbre de jardin japonais, un niwaki.

Bientôt cette Ferula communis déploiera ses fleurs, de grandes ombelles semi-sphériques jaune d’or à étamines saillantes. Originaire du bassin méditerranéen mais résistante au froid comme à la sécheresse, la Grande Férule doit son nom à Pline l’Ancien, « ferula » signifiant en latin « la férule », « la cravache », sa tige sèche servait de baguette pour guider la lecture des élèves au tableau.

Bleu céleste

« Inratable » nous avait promis notre pépiniériste du Jardin d’Adoué. Et elle ne mentait pas. Le camassia, qui disparaît totalement en hiver, ressurgit en avril pour fleurir en temps et en heure. Ses longs épis se couvrent d’étoiles bleues aux fines étamines jaunes.  

Ce Camassia si bien nommé ‘Caerulea’, d’un bleu venu des cieux, me rappelle plus que toute autre fleur l’extraordinaire histoire de la couleur bleue racontée par Michel Pastoureau. Ou comment le bleu, couleur barbare méprisée dans l’Antiquité, est devenu la couleur préférée du monde occidental. Au rouge et aux couleurs de feu exaltés par les Grecs et les Romains, les Chrétiens préfèrent le bleu céleste, une couleur « spirituelle », proche des cieux et de l’eau qui purifie.

Bleu en puissance des iris qui se préparent pour la prochaine ouverture du jardin devant le bleu intense des pervenches…

Bleu sauvage et envahissant comme l’Ajuga reptans, si injustement nommée « bugle rampante ». Elle mérite des sonorités pour légères.