Quand même l’herbe vient à manquer

Trois vaches ont le privilège de pâturer aux portes de notre jardin (alors que des centaines de leurs congénères sont assignées à résidence). Cependant, le pré devenant de plus en plus indigeste, la plus hardie des trois a trouvé une faille dans la clôture. En toute logique, l’herbe du fossé devrait être plus tendre. Desséchée là aussi.

Elle s’est alors retrouvée devant notre portail grand ouvert, plein de promesses, d’où elle n’a jamais vu sortir que des gens sympathiques. Toujours un bonjour, toujours un mot gentil. Arrivée à notre perron, la déception a dû être grande, l’herbe y est encore plus rare que dans le pré…

Peut-être plus haut…

Les feuilles du grand hêtre pleureur craquent eux aussi sous la dent…

La curiosité l’a menée vers le pont de John, quelques branches de lonicera nitida l’en ont heureusement détournée.

Une traversée du jardin des moines avec de gracieuses et très précises marches arrière à l’approche du bassin aux grenouilles, et c’est ainsi qu’après une visite toute en délicatesse, elle s’en est retournée chez ses soeurs.

Premier assistant jardinier

Comment chasser les chats du jardin ? Cela semble être la grande préoccupation des jardiniers à en juger par l’abondante littérature sur le sujet. On y trouve un catalogue de plantes répulsives, la solution du bicarbonate, des bouteilles d’eau en plastique (???), des épluchures d’agrumes… et une solution high tech, le boîtier à ultrasons à l’efficacité garantie à 100 %.

Nous, nous remercions les chats chaque matin. Au rythme de deux, trois taupes par nuit et d’un rat taupier par semaine, ils limitent la dévastation de la pelouse et, bien plus important, du sol et des racines de nos plantations.

Poutou peut dormir du sommeil du juste sur le seau de bonne terre de taupinière. Et pour que son ardeur et celle de Nikita épargnent les oiseaux, je ne rappellerai jamais assez l’efficacité du collier à clochette.

La révolte des hérons

Le héron, « notre » héron, ne nous aime pas. Dès le premier jour, il nous l’a bien fait comprendre par des cris très désagréables, « rapeux et gutturaux » disent les experts de la langue des oiseaux*. On a bien compris le message, maintes fois répété, et on se fait discrets, surtout le matin, son heure préférée pour pêcher dans l’étang.

Cependant, depuis quelques jours, il y a de l’hostilité dans l’air. Il vole et se pose de plus en plus près de la maison. Il a même simulé une trajectoire directement ciblée sur ma personne alors que j’étais au pied de la terrasse. Visait-il le chat, comme le suggère Malyloup ? Pas sûre du tout.

Et voilà que deux autres hérons, plus petits, peut-être les rejetons de notre échassier géant, viennent à leur tour nous narguer. L’un se pose sur la branche de l’épicéa à quelques mètres de la baie du salon, l’autre se perche sur les rosiers avec vue imprenable sur le bassin aux grenouilles.

Au moindre mouvement, les cris reprennent, « croassements rudes et éraillés ». Comme toujours, c’est le plus fort qui a finalement raison. Notre grand héron a réussi à effrayer tout l’entourage pour défendre son garde-manger.

De toute évidence, c’est l’état d’urgence pour lui aussi. La sécheresse a limité ses territoires de pêche et il passe des heures entières dans notre étang… dont le niveau n’en finit pas de baisser.

* Pour la leçon de vocabulaire ornithologique (et bien davantage) : oiseaux.net

Une idée de l’infini

Ca brûle du Sud au Nord, de l’Est à l’Ouest mais cela n’a pas refroidi une centaine de héros de l’asphalte pour se lancer dans le 44e Rallye de la Plaine des Vosges. 134,384 km de pollution atmosphérique et sonore autour de Mirecourt, pauvre cité des luthiers assourdie par les pétarades des bolides.

Un peu plus haut dans les Vosges, dont le piémont a des allures d’Andalousie, le défi était de franchir en moto 80 mètres dans au moins 50 cm de boue avec seulement 25 mètres d’élan !

De beaux titres pour la presse régionale qui laissent les écologistes muets, trop préoccupés par le sexe des anges.

« La bêtise humaine est la seule chose qui donne une idée de l’infini », disait Renan. Plus clairvoyant, Schiller annonçait la fin de l’histoire : « Gegen Dummheit kämpfen Götter selbst vergebens* » …

*Contre la bêtise, même les dieux combattent en vain »