Aucun oiseau n’a été maltraité durant le démontage

Quand le bûcheron nous annonça qu’il faudrait attendre le mois de mai pour démonter nos épicéas (stabilité de la grue oblige), notre première pensée fut pour nos mésanges. Car au bout de l’allée, sous les branches des derniers épicéas, un lilas entremêlé au cognassier du Japon, au seringat et au berberis Koreana leur offrent le meilleur (et le plus parfumé) des refuges. La première mesure fut de déplacer les boules de graines vers le potager. Elles ont aussitôt suivi. Restait cependant à éviter qu’elles ne reviennent dans le cognassier ou le berberis pour y faire leurs nids.

Lilas et Berberis Koreana
Lilas et Berberis Koreana

Nous avons alors demandé conseil à la Ligue de protection des oiseaux. Réponse immédiate, pratique et circonstanciée…

La LPO préconise d’entreprendre tous travaux d’élagage et/ou d’abattage en dehors de la période de nidification des oiseaux : l’idéal étant de les réaliser entre novembre et février, d’une part, pour le bien-être des arbres (métabolisme nettement ralenti en hiver) et d’autre part, pour éviter de porter atteinte aux couvées d’oiseaux (voir notre actualité parue le 31 mars dernier au lien suivant : https://www.lpo.fr/qui-sommes-nous/espace-presse/communiques/cp2022/ne-taillez-pas-vos-haies-pensez-aux-nids).

Néanmoins, si vous êtes dans l’impossibilité d’effectuer vos travaux en dehors de la période de nidification, vous pouvez poser des systèmes d’effarouchement (inoffensifs pour les oiseaux) dans vos arbres. Un dérangement fréquent des oiseaux ne les inciteront pas à s’y installer.

  1. Les mobiles :
  • Suspension, dans les arbres, de mobiles composés de fines et longues lames de métal : acier, aluminium, zinc, cuivre… qui sous l’effet du vent vont produire des sons, voire refléter des images (acier inoxydable ou chromé) ;
  • Installation de silhouettes de rapaces (voir en pièce jointe) qu’il faut fabriquer, selon la durée d’utilisation et le contexte météorologique, en carton fort ou en bois de faible épaisseur. Les peindre si possible de couleur sombre.

Les émissions sonores :

  •  Emission, via un lecteur CD ou une bande son Mp3 ou Mp4, de séquences sonores : cris d’alarme et de détresse qui sont émis lorsqu’un oiseau est saisi ou menacé par un prédateur (voir le CD « Ornithofuga »). Les cris sont à passer en boucle, à intervalles réguliers.

On a respecté les consignes à la lettre mais on a calé sur les émissions sonores. On s’est contentés de claquer des mains quand on a surpris des oiseaux dans le buisson. Et nous n’avons trouvé aucun nid accidenté ou abandonné par les bûcherons volants…

13

C’était un mercredi 13. On n’osait pas vraiment y croire mais le grand jour était arrivé. En pleine « offensive hivernale », Météo France multipliait les alertes oranges mais ce mercredi 13 mars 2013, on quittait enfin la ville. Il neigeait. Les déménageurs râlaient. L’installateur de l’Internet satellite râlait et nous demandait ce qu’on venait faire là.

Et puis ce fut le silence, le silence ouaté du jardin sous la neige.

Puis le silence habité par le grondement du ruisseau quand il s’est gonflé de la fonte des neiges.

Puis le silence a laissé tout l’espace au chant des merles et des pinsons, aux cris du martin-pêcheur et du héron.

Et puis dix années palpitantes à apprendre à « savoir où on habite »… ou commencer à apprendre.

Quand le chat est endormi…

C’est le service minimum depuis que le froid a figé le jardin. Les chats ronronnent, vautrés sur les tablettes des radiateurs. Et pendant que les chats dorment, les taupes et les campagnols s’en donnent à coeur joie.

Eh oui, un bel hiver, enfin ! Moins 10 degrés ! N’est-ce pas une merveilleuse saison ?

Coquecigrues

J’ai toujours aimé ce mot, sans jamais être sûre de bien en connaître le sens. Il rime avec l’incongru et sent l’insolence. Comme un coq qui se prendrait pour une grue ? Preuve de son mauvais esprit, il se laisse écrire coxigrue, coqsigrue ou, pourquoi pas, cocquecigrue.

Des coquecigrues, il y en a plein le jardin en ce bel automne : des champignons qui s’imaginent pouvoir construire une barrière de corail…

… une limace noire qui se prendrait pour une pieuvre ?

Des fraises et des framboises d’automne, des pervenches, des violettes et du basilic qui se sont habillés de fleurs pour l’hiver…

Mais pas de coqsigrue « officielle » découverte dans le dictionnaire : plante vivace de la famille des fabacées, Ononis natrix, plus connue sous le nom de bugrane jaune ou bugrane fétide.

Ononis natrix ou bugrane jaune

INPN

Quant à notre pieuvre noire, ce sont les « doigts du diable » en décomposition.  Ce « champignon-pieuvre » serait arrivé d’Australie avec les laines importées par les filatures des Vosges. A moins qu’ils n’aient été transportés par les soldats australiens et leurs chevaux sur le front de Saint-Dié-des-Vosges pendant la Première Guerre mondiale.

Beautés vénéneuses

Chaque printemps, je tente d’apprivoiser le fond du jardin au bout de l’étang. Tout près de la forêt, dans un terrain qui n’aura d’autre arrosage que la pluie, la concurrence est rude avec les racines des grands arbres. Et c’est ainsi que cette année encore, mes plantations entre deux grands bouleaux ont disparu. C’étaient des géraniums vivaces et des anémones du Japon si je me souviens bien. Mais l’espace n’est pas perdu pour tout le monde…

Depuis plusieurs jours, nous avons une jolie plate-bande colorée d’amanites tue-mouches. L’amanita muscaria est vénéneuse mais elle ne prend pas le promeneur en traître : on ne peut la confondre avec aucun autre champignon.

Sous ses allures de créatures de Walt Disney, il paraît qu’elle fait le bonheur des amateurs de voyages hallucinatoires.

Premier assistant jardinier

Comment chasser les chats du jardin ? Cela semble être la grande préoccupation des jardiniers à en juger par l’abondante littérature sur le sujet. On y trouve un catalogue de plantes répulsives, la solution du bicarbonate, des bouteilles d’eau en plastique (???), des épluchures d’agrumes… et une solution high tech, le boîtier à ultrasons à l’efficacité garantie à 100 %.

Nous, nous remercions les chats chaque matin. Au rythme de deux, trois taupes par nuit et d’un rat taupier par semaine, ils limitent la dévastation de la pelouse et, bien plus important, du sol et des racines de nos plantations.

Poutou peut dormir du sommeil du juste sur le seau de bonne terre de taupinière. Et pour que son ardeur et celle de Nikita épargnent les oiseaux, je ne rappellerai jamais assez l’efficacité du collier à clochette.

La révolte des hérons

Le héron, « notre » héron, ne nous aime pas. Dès le premier jour, il nous l’a bien fait comprendre par des cris très désagréables, « rapeux et gutturaux » disent les experts de la langue des oiseaux*. On a bien compris le message, maintes fois répété, et on se fait discrets, surtout le matin, son heure préférée pour pêcher dans l’étang.

Cependant, depuis quelques jours, il y a de l’hostilité dans l’air. Il vole et se pose de plus en plus près de la maison. Il a même simulé une trajectoire directement ciblée sur ma personne alors que j’étais au pied de la terrasse. Visait-il le chat, comme le suggère Malyloup ? Pas sûre du tout.

Et voilà que deux autres hérons, plus petits, peut-être les rejetons de notre échassier géant, viennent à leur tour nous narguer. L’un se pose sur la branche de l’épicéa à quelques mètres de la baie du salon, l’autre se perche sur les rosiers avec vue imprenable sur le bassin aux grenouilles.

Au moindre mouvement, les cris reprennent, « croassements rudes et éraillés ». Comme toujours, c’est le plus fort qui a finalement raison. Notre grand héron a réussi à effrayer tout l’entourage pour défendre son garde-manger.

De toute évidence, c’est l’état d’urgence pour lui aussi. La sécheresse a limité ses territoires de pêche et il passe des heures entières dans notre étang… dont le niveau n’en finit pas de baisser.

* Pour la leçon de vocabulaire ornithologique (et bien davantage) : oiseaux.net

Quel est ce silence ?

On n’osait plus y croire mais l’orage tant attendu a éclaté. La pluie donnera peut-être un nouveau sursis au jardin. Déjà, les rosiers annoncent une nouvelle floraison et les agapanthes, imperturbables sous la canicule, se délectent des gouttes d’eau.

alchémille mollis

Dans la délicieuse fraîcheur de ces derniers petits matins, c’est le silence. Les grenouilles et les insectes sont invisibles, comme les oiseaux. Seuls quelques cris timides et lointains nous donnent signe de vie.

Hydrangea ‘Blue Bird’

Pourquoi, alors que le jardin est enfin arrosé, fumant de parfums, tout le monde l’a-t-il déserté ? Pour les oiseaux, pas de quoi s’inquiéter, nous a rassurés la Ligue de protection des oiseaux : « vos mésanges et vos pinsons sont partis dans la forêt » sans doute plus appétissante que notre jardin.

Papillon endormi sur une feuille d’alchémille

Squatters élégants

Le calme revenu, je croyais qu’ils avaient finalement changé d’adresse. La semaine dernière, il y avait grande agitation dans le rosier ‘Bajazzo’ qui grimpe sur le pilier de la terrasse. Deux chardonnerets élégants faisaient équipe pour y construire leur nid : à chacun son tour (il me semble), l’un se postait sur une branche du grand hêtre pleureur pour surveiller les lieux pendant que l’autre ajoutait son brin à l’édifice…

Il est là, au milieu des branches et de la photo, en plein travail.

…et peut-être quelques poils de chat que je dépose au pied des arbustes. Ce matin, plus un mouvement mais… un chardonneret sur le petit nid caché dans l’enchevêtrement des branches du rosier.

Invisible depuis le jardin, à peine soupçonnable depuis la maison, interdiction est cependant décrétée de passer par la terrasse jusqu’à l’éclosion et l’envol des oisillons. Deux à trois semaines semble-t-il.