Coquecigrues

J’ai toujours aimé ce mot, sans jamais être sûre de bien en connaître le sens. Il rime avec l’incongru et sent l’insolence. Comme un coq qui se prendrait pour une grue ? Preuve de son mauvais esprit, il se laisse écrire coxigrue, coqsigrue ou, pourquoi pas, cocquecigrue.

Des coquecigrues, il y en a plein le jardin en ce bel automne : des champignons qui s’imaginent pouvoir construire une barrière de corail…

… une limace noire qui se prendrait pour une pieuvre ?

Des fraises et des framboises d’automne, des pervenches, des violettes et du basilic qui se sont habillés de fleurs pour l’hiver…

Mais pas de coqsigrue « officielle » découverte dans le dictionnaire : plante vivace de la famille des fabacées, Ononis natrix, plus connue sous le nom de bugrane jaune ou bugrane fétide.

Ononis natrix ou bugrane jaune

INPN

Quant à notre pieuvre noire, ce sont les « doigts du diable » en décomposition.  Ce « champignon-pieuvre » serait arrivé d’Australie avec les laines importées par les filatures des Vosges. A moins qu’ils n’aient été transportés par les soldats australiens et leurs chevaux sur le front de Saint-Dié-des-Vosges pendant la Première Guerre mondiale.

La grande frustration

Elles étaient tant attendues. Les coeurs de boeuf, les marmandes, les noires de Crimée, les Green Zebra, les Sweet Babies… celles qui sauraient peut-être réveiller des saveurs de vacances italiennes. John les avait patiemment semées ou repiquées, tuteurées et paillées, arrosées et repaillées…

Rien n’y fit… jusqu’à cette pluie de septembre qui a ramené la vie. Les fruits se sont multipliés et gonflés à vue d’oeil. On les a alors habillés de bulles pour les protéger de la fraîcheur des nuits…

Et voilà la récolte de l’année…

The Hidden Life of Vegetables

Je rêve d’un potager « à l’anglaise ». Un potager paysager, en courbes et en reliefs, mêlant les fleurs et les légumes, des plates-bandes et des pyramides couvertes de cucurbitacées variées, de fleurs d’artichauts perchées sur leurs longues tiges… John, tout British qu’il est, a une vision plus « carrée » du potager. Voici le récit à deux voix de ce Kitchen Garden créé au pied des grands arbres de la forêt : « La vie cachée des légumes », titre qui dénonce une flagrante injustice…

Regular readers of articles in this blog could be forgiven for thinking that all we have in the garden are flowers, shrubs and trees plus whatever wildlife encroaches on our territory. What hasn’t been shown to date are the vegetable plots presently yielding a rich early harvest of salad, onions, peas, beans and potatoes. Not as pretty as the flower beds it’s true – but attractive in their own way particularly when they conjure up thoughts of tasty home-grown produce.

Au commencement… March 2013
Printemps 2018

Peu à peu le dessin du potager s’est précisé. Au printemps 2018, victoire, une première courbe qui engage à poursuivre la visite du potager par un tour de l’étang. Plus loin, la construction de plates-bandes en gradins habillés d’un tressage de branches de saules, nourris de compost « maison » et de paillages divers. C’est alors que John a réalisé que ce charme planté au milieu du potager n’avait rien à y faire…

Stepping further back by some three years shows the construction phase on the sloping ground using pruned willow branches for the walls surrounding the rectangles. Though they don’t comply fully with the current ‘no-dig, lasagne’ approach they contain a good mix of layers of grass clippings, leaves, cardboard and, best of all, bucketfuls of compost.

Le charme qui faisait de l’ombre aux plates-bandes en gradins a été abattu. Restait la souche. Pas question d’utiliser des produits empoisonnés pour accélérer sa décomposition. On a planté des lonicera nitida (chèvrefeuilles à feuilles de buis) autour de la souche encadrés d’un tressage en hexagone de branches de saules.

So far, so good but a major problem remained – shade. A row of pine trees block the sun for the first hour or two of the morning but they’re too tall and well-established to cut down. No, the real problem was the hornbeam that blocked the afternoon sun and much as we love our trees it just had to go.

And, coming back to the present, it’s clear that the vegetables have benefited from its absence and where it stood a very healthy cluster of Lonicera nitida now acts as a memorial to its passing.

Fraises de l’Armistice

Mais pourquoi mes fraisiers (Mount Everest) s’obstinent-ils à faire des fruits en octobre plutôt qu’en juin ? En plate-bande, en jardinière sous serre et sur tuteur, en grimpantes sur treille, rien n’y fait. Avec compost ou engrais bio spécial fraisier, la récolte printanière ou estivale reste ridicule. Mais à l’automne, ils se réveillent et ils offrent de généreuses grappes de fruits… qui n’auront jamais le temps de mûrir !

Alors nouvelle tentative : j’ai planté une longue ligne de fraisiers (encore en fleurs !) au-dessus du mur de pierres de pierres sèches en position retombante…

Potager Jean-Marie Pelt à Nancy

Je rêve d’un potager qui se fondrait dans la promenade à travers le jardin comme un nouveau coin de verdure et de fleurs. Et voilà que l’écologie m’apporte des arguments. Au Jardin botanique de Nancy dédié à Jean-Marie Pelt, les jardiniers ont créé un nouveau potager, entre l’exposition de dahlias et la grande rocaille, où se mêlent les fleurs et les légumes, les petits fruits et les légumineuses…

Le potager nouveau inspire aussi les vanniers…

…et les architectes du bois. Comme les étudiants de l’Ecole nationale supérieure des technologies et industries du Bois (Enstib) d’Epinal et de l’Ecole d’architecture de Nancy qui ont conçu la « cabane » de jardinier.