Le génie de la haie

« L’art de la marqueterie bocagère avait atteint ici un haut degré d’accomplissement. La pierre accueillait la mousse. La mousse arrondissait les angles et protégeait des sociétés de bêtes. Oh ! Comme il eût été salvateur d’opposer une « théorie politique du bocage » aux convulsions du monde. On se serait inspiré du génie de la haie… Elle séparait sans emmurer, délimitait sans opacifier, protégeait sans repousser...

L’air y passait, l’oiseau y nichait, le fruit y poussait. On pouvait la franchir, mais elle arrêtait le glissement de terrain.

A son ombre fleurissait la vie, dans ses entrelacs prospéraient des mondes, derrière sa dentelle se déployaient les parcelles. La méduse du récent globalisme absorbait les bocages. Ce remembrement du théâtre mondial annonçait des temps nouveaux. Ils seraient peut-être heureux mais n’en donnaient pas l’impression. « 

Sylvain Tesson, en marche sur « Les chemins noirs » à l’approche du Cotentin.

Entre forêt et « bocage », notre jardin fourmille de vie, de visiteurs de toutes espèces qui vont et viennent à travers les rideaux d’aubépines, de charmilles, de berbéris, d’aulnes, de lierre, de mûriers…

Et pour prendre modèle sur le génie ancestral de la haie, nous avons créé une haie à l’intérieur du jardin. En demi-cercle autour du vieux pommier, elle délimite le territoire du potager par un mélange assez échevelé d’hydrangeas variés, de mauves arbustives, de pivoines et d’herbes sauvages.

Demain l’azur

Le ciel est « bas et lourd ». Le couvercle a explosé. Les éléments se déchaînent, le ruisseau est devenu torrent… et les agapanthes annoncent déjà le retour de l’azur.

Beautés d’un jour

Fraîcheur et pluie, le jardin est heureux, mais ça commence à devenir frustrant. Heureusement les hémérocalles sont là pour nous rappeler que c’est l’été. ‘Beauté divine’ ou ‘Amour d’été’ ? Je ne sais plus. J’en avais acheté trois bulbes à la Maison Bourdillon. C’était il y a cinq ans à la fête des plantes de Schoppenwihr près de Colmar.

Depuis, elles se sont bien étalées. Ces « beautés d’un jour » ou « daylilies » ne s’épanouissent que le temps d’une journée, mais la multitude de boutons sur ses différentes ramifications promet une floraison de cinq à six semaines.

Au soleil, c’est encore plus joyeux…

Il en existe de plus florifères encore (et de très très chères) parmi les quelque 75 000 cultivars existants. Elles sont si faciles à vivre, que le temps soit sec ou pluvieux, que je vais étudier de plus près le catalogue de La Pépinière de la Thyle. Leurs sélections et leurs créations passent par toutes les couleurs de la nature, du rose nacré d’ ‘Astrid de la Thyle’ au rouge opulent de la ‘Grèbe huppée’. Peut-être me laisserai-je tenter par la ‘Volupté’…

The Hidden Life of Vegetables

Je rêve d’un potager « à l’anglaise ». Un potager paysager, en courbes et en reliefs, mêlant les fleurs et les légumes, des plates-bandes et des pyramides couvertes de cucurbitacées variées, de fleurs d’artichauts perchées sur leurs longues tiges… John, tout British qu’il est, a une vision plus « carrée » du potager. Voici le récit à deux voix de ce Kitchen Garden créé au pied des grands arbres de la forêt : « La vie cachée des légumes », titre qui dénonce une flagrante injustice…

Regular readers of articles in this blog could be forgiven for thinking that all we have in the garden are flowers, shrubs and trees plus whatever wildlife encroaches on our territory. What hasn’t been shown to date are the vegetable plots presently yielding a rich early harvest of salad, onions, peas, beans and potatoes. Not as pretty as the flower beds it’s true – but attractive in their own way particularly when they conjure up thoughts of tasty home-grown produce.

Au commencement… March 2013
Printemps 2018

Peu à peu le dessin du potager s’est précisé. Au printemps 2018, victoire, une première courbe qui engage à poursuivre la visite du potager par un tour de l’étang. Plus loin, la construction de plates-bandes en gradins habillés d’un tressage de branches de saules, nourris de compost « maison » et de paillages divers. C’est alors que John a réalisé que ce charme planté au milieu du potager n’avait rien à y faire…

Stepping further back by some three years shows the construction phase on the sloping ground using pruned willow branches for the walls surrounding the rectangles. Though they don’t comply fully with the current ‘no-dig, lasagne’ approach they contain a good mix of layers of grass clippings, leaves, cardboard and, best of all, bucketfuls of compost.

Le charme qui faisait de l’ombre aux plates-bandes en gradins a été abattu. Restait la souche. Pas question d’utiliser des produits empoisonnés pour accélérer sa décomposition. On a planté des lonicera nitida (chèvrefeuilles à feuilles de buis) autour de la souche encadrés d’un tressage en hexagone de branches de saules.

So far, so good but a major problem remained – shade. A row of pine trees block the sun for the first hour or two of the morning but they’re too tall and well-established to cut down. No, the real problem was the hornbeam that blocked the afternoon sun and much as we love our trees it just had to go.

And, coming back to the present, it’s clear that the vegetables have benefited from its absence and where it stood a very healthy cluster of Lonicera nitida now acts as a memorial to its passing.

Laquelle est la plus belle ?

Punk capillaire ou punk végétal ? La monarde, toute rebelle et échevelée soit-elle, a tout de même plus de classe. En plus, elle embaume la bergamote et elle fait le bonheur des butineuses. Et on peut la manger ou en faire des tisanes…

Les monardes ‘Cambridge Scarlet’ ont éclos cette nuit et elles nous offriront leur joyeuse floraison durant tout l’été. Et elles se multiplieront, se multiplieront…