« L’art de la marqueterie bocagère avait atteint ici un haut degré d’accomplissement. La pierre accueillait la mousse. La mousse arrondissait les angles et protégeait des sociétés de bêtes. Oh ! Comme il eût été salvateur d’opposer une « théorie politique du bocage » aux convulsions du monde. On se serait inspiré du génie de la haie… Elle séparait sans emmurer, délimitait sans opacifier, protégeait sans repousser...

… L’air y passait, l’oiseau y nichait, le fruit y poussait. On pouvait la franchir, mais elle arrêtait le glissement de terrain.

A son ombre fleurissait la vie, dans ses entrelacs prospéraient des mondes, derrière sa dentelle se déployaient les parcelles. La méduse du récent globalisme absorbait les bocages. Ce remembrement du théâtre mondial annonçait des temps nouveaux. Ils seraient peut-être heureux mais n’en donnaient pas l’impression. «
Sylvain Tesson, en marche sur « Les chemins noirs » à l’approche du Cotentin.

Entre forêt et « bocage », notre jardin fourmille de vie, de visiteurs de toutes espèces qui vont et viennent à travers les rideaux d’aubépines, de charmilles, de berbéris, d’aulnes, de lierre, de mûriers…

Et pour prendre modèle sur le génie ancestral de la haie, nous avons créé une haie à l’intérieur du jardin. En demi-cercle autour du vieux pommier, elle délimite le territoire du potager par un mélange assez échevelé d’hydrangeas variés, de mauves arbustives, de pivoines et d’herbes sauvages.