Le jardin du Docteur Coué

Place Stanislas, quand vient l’automne, on peut visiter deux jardins. Dans la pénombre du Musée des Beaux-arts et dans la boutique très contemporaine de Daum, le jardin de verre et de cristal de la manufacture historique.

Collections Daum du musée des Beaux-Arts de Nancy – Boutique Daum de la Place Stanislas

Avant de suivre les traces de Daum, de Majorelle et d’Emile Gallé jusqu’au Musée de l’Ecole de Nancy, il faut visiter le jardin éphémère planté autour de la statue du bon roi Stanislas.

Cette année, le jardin, conçu sur le thème du « feu qui effleure » est à l’image du phoenix. Les photographies géantes de l’Australie et de la Californie en flammes forment comme un nid pour l’oiseau mythique dont les cendres laisseront éclore un oisillon symbole du renouveau, de la vie, plus forte que tout.

Le jardin est dédié aux sapeurs-pompiers qui ont tenu leur 128ème congrès annuel à Nancy. Je l’aurais plutôt dédié à la grande figure de l’autre Ecole de Nancy, contemporaine des maîtres de l’Art nouveau : Emile Coué, le père de la pensée positive. « Tous les jours, et à tous points de vue, je vais de mieux en mieux. »

Tous les jours, et à tous points de vue, nous allons de mieux en mieux. Ca brûle, des Landes à la Forêt de Brocéliande, mais ce n’est que pour mieux renaître. Le feu allume le feu intérieur, la solidarité, la puissance créatrice… La forêt reverdira et la vie sera encore plus belle. Tous les jours, et à tous points de vue, nous allons de mieux en mieux.

Monument à Emile Coué, Parc Sainte-Marie de Nancy. Photos e-monumen.net

Emile Coué publie « La Maîtrise de soi-même par l’autosuggestion consciente » en 1922. Dans le sillage de l’école hypnologique de Nancy et des travaux d’Ambroise Liébeault et d’Hippolyte Bernheim, la méthode Coué a connu un succès fulgurant à Nancy, puis en Europe avant de conquérir les Etats-Unis.

Parfums d’Asie

Quand le jardin se fait livre d’histoire : les 20èmes jardins métissés du Parc de Wesserling racontent les émerveillements de Marco Polo sur les routes de la soie. Et les découvertes qui ont fait la fortune de l’ancienne Manufacture royale et de la cité textile des Vosges, des fils de broderie D.M.C. aux « indiennes » des prestigieuses maisons Braquenié et Boussac.

En passant par la Mongolie, une forêt de prière pour le culte des ovoos, agitée de foulards bleus, de la couleur de l’esprit du ciel. Au centre de cette forêt, une table des cinq sens que l’on savoure à hauteur de végétation. au plus près de la terre.

Le « bois dansant », réinterprétation du « bois d’encens » et des rites chamaniques qui fascinèrent le voyageur, est signé par Laura Ruccolo, paysagiste, et Mélanie Germain, architecte.

Parc de Wessering

Surlendemain de fête

Non, nos jardins ne sont pas virtuels. Si nos chers abonnés ne nous visitent qu’à distance, nos échanges sont riches de vie, d’expériences, d’émotions. Et quand la rencontre arrive enfin à l’ombre du grand hêtre, c’est une amitié qui devient concrète.

Malyloup est venue « observer la vie » dans notre jardin et elle a réussi à y saisir une foule de petits hôtes souvent virevoltants : OBSERVER LA VIE

The Wild

Au retour du printemps, quand je franchis notre petit pont de bois, je repense au Hidcote Manor Garden. Ce chef d’oeuvre de l’art du jardin anglais (à voir avant de mourir ! ) est une succession de chambres, de perspectives, de scènes intimes ou monumentales façonnées durant plus d’un siècle. Jardin blanc, perspective rouge, « mixed borders » de légende… et, au bout de quelques heures de déambulation émerveillée, un panneau indiquant « The Wild ».

Hidcote Manor Garden (Gloucestershire)

Humour anglais. Dans le doux paysage des Cotswolds, le monde sauvage ne signifie que repos du jardinier : arbres et arbustes succèdent aux massifs de fleurs et l’herbe au gazon. Chez nous, en revanche, « the wild » s’épanouit dans tous les sens.

Le petit « canyon » creusé par le ruisseau ainsi que sa rive côté forêt redeviennent une jungle dès le printemps venu. Lierres, fougères et chèvrefeuilles, angéliques, silènes et anémones des bois, sceaux de Salomon, ail des ours, pousses de hêtres, de bouleaux, de charmes, muriers, framboisiers et myrtilliers se partagent ou se disputent leur bout de territoire.

Mon projet d’en faire une vallée de rhododendrons et d’azalées restera un rêve car les alternances de sécheresse et de hautes eaux sont de plus en plus violentes. Cependant, la rive sauvage prend tout doucement des couleurs.

Le monde sauvage, le vrai, commence derrière le grillage. Les chats le savent bien, ils l’observent et le hument de haut et gardent leurs distances. Biches, chevreuils et sangliers doivent leur laisser d’odorants conseils à rester aux abris dans le monde des humains…

Blah, blah, blah…

Que même Boris se dise « déçu », cela donne une idée du naufrage. Le président de la COP26, lui, se dit « profondément désolé ». Inutile de lire le « Pacte de Glasgow » pour comprendre que ce 26ème « sommet » n’aura produit qu’une énorme quantité de CO2. Et pendant ce temps, quelques irréductibles font leur travail de « colibri »

Les pieds dans le potager, la tête dans la canopée…

Cabane « Arbràmâne » – Vit tel ta nature

…on peut encore rêver. Ou vivre le rêve de devenir écureuil le temps d’un séjour dans le domaine de Vit tel ta Nature

Qu’aurait pensé Jean-Marie ?

Vingt-cinq hectares ! Le Jardin botanique Jean-Marie Pelt est le plus grand jardin botanique « urbain » de France. Pas question pourtant d’y entrer sans passeport sanitaire.

Jardin botanique Nancy

Heureusement le parc de la Pépinière est ouvert aux naufragés, rejetés des terrasses de la Place Stanislas…

Blanc Notre-Dame

La fièvre du jardinage s’est abattue sur l’Alsace-Lorraine. Les pépiniéristes de la fête des plantes de l’Abbaye d’Autrey n’avaient jamais vu cela : une noria de brouettes, poussées par les scouts en grande tenue, transportant de futurs jardins vers les parkings. Il a fallu aussi revenir aux fondamentaux : « oui, celui-là va perdre ses feuilles en automne », « attention, c’est un arbre qui va atteindre six à huit mètres ! », « celui-là pousse très lentement , trois centimètres par an »… Beaucoup plus compliqué que prévu, le jardinage! Mais la visite du jardin de l’abbaye ouvre de si belles perspectives…


L’Abbaye d’Autrey et son jardin : https://www.abbayedautrey.com


Dracula’s kiss

Pourquoi y a-t-il si peu de femmes botanistes ? Cerveau inadapté à la rigueur scientifique, interdiction d’embarquer sur un navire d’explorateurs, bien sûr, mais encore… l’inconvenance de la discipline. Entre les « phalles impudiques » et tout le répertoire des tentations de Vénus, la botanique est un cabinet de curiosités indécentes. Le grand Carl von Linné était un pornographe infréquentable. Heureusement les inventeurs de nouvelles variétés sont restés fidèles aux traditions suggestives.

En pleine floraison dans l’exposition du Jardin botanique Jean-Marie Pelt de Nancy, ce grand iris a été bien nommé par son obtenteur, Schreiner. Pétales poupre foncé, sépales noir poupré et barbes rouge orange, ce Dracula’s kiss a une lourde parenté :  (( ‘Old Black Magic‘ x ‘Satin Satan’) x  (pollen parent of ‘Diabolique’ x ‘Black Tornado’)) X ‘Local Color‘. On comprend que l’étude de la botanique était interdite aux femmes…

Iris Neige de mai (Jardin botanique de Nancy)

Pendant des siècles, il a été inconcevable que les fleurs, symbole de pureté, soient les organes sexuels des plantes. « La folle histoire des plantes » raconte combien cette découverte est récente. Et combien elle a été difficile à accepter :

Extrait, à na pas manquer, de l’épisode 7 « Cachez ce sexe… » de La folle histoire des plantes

Jardins de l’abbaye d’Autrey

Dédiés à la Vierge Marie, les jardins de l’abbaye d’Autrey célèbrent la couleur blanche dans toutes ses nuances. Rosiers lianes, immortelles, asters, glycines, hydrangéas, des plus discrètes aux plus spectaculaires, les fleurs blanches rythment les parterres et les massifs.

De l’entrée de l’abbaye, on progresse ainsi dans une succession de carrés bordés de buis, façon jardin de curé, pour accéder au jardin à l’anglaise…

Des glycines sous toutes les formes, sur les façades, en arches, en arbres, en pergolas, en massifs… il faudra revenir les admirer en pleine floraison.

Les chambres d’hôtes et leur jardin

En revanche, les asters, les campanules, les hydrangéas et autres plantes de bruyère restent très généreux…

…comme la collection d’hostas.

Et puis, il reste à explorer la grande variété d’arbres, de la bambouseraie aux arbustes de terre marécageuse, les platanes centenaires comme les érables du Japon…

Plus de détails sur l’Abbaye Notre-Dame d’Autrey aux bons soins de la communauté des Béatitudes : www.abbayedautrey.com

Berchigranges au mois de juillet

Luxuriant, dégoulinant de rosiers lianes et de clématites, oscillant au rythme des longs épis de veronicastrum, de persicaires, d’érémerus, de digitales, de molènes, de campanules lactiflora… c’est l’été au jardin de Berchigranges.

Ce foisonnement est mis en scène sur un tapis de velours vert, cet incroyable gazon qui met en arrêt le visiteur quand il pose le pied dans le jardin…

…et qui l’invite à poursuivre la visite les pieds nus, entre les massifs comme sur le pont « végétal ».

Rappel à la réalité du moment : la bibliothèque habituellement ouverte est fermée pour cause de confinement.

Dommage : une petite halte dans le cabanon pour feuilleter les revues de jardinage, les manuels de jardinage ou les « beaux livres » dédiés aux jardins du monde ajoutait au plaisir de la visite.

« Vaut le voyage » : Jardin de Berchigranges