Neige ou soleil ?

Petit matin glacé. Glacé mais pas trop, juste assez froid pour que le ciel nous tombe sur la tête en gros flocons, pour que le givre gonfle ses cristaux sur les branches et les brindilles. Le soleil s’imposera-t-il aux nuages chargés de neige ?

Chaque arbre, chaque buisson révèle ses arborescences givrées, comme la glycine et ses beaux entrelacs…

Une heure de spectacle, de lutte entre soleil et nuages et le soleil l’emporte, révélant de nouveaux reliefs et mille nuances à la blancheur…

2023

Heureuse et lumineuse année 2023

Même si la neige n’est pas au rendez-vous de ce 1er janvier,

on peut rêver que les pivoines fleuriront bien au printemps…

…quand le jardin ouvrira ses portes aux artistes, artisans et amis visiteurs, les samedi et dimanche 10 et 11 juin 2023

Retour sur les portes ouvertes 2022

Quand le chat est endormi…

C’est le service minimum depuis que le froid a figé le jardin. Les chats ronronnent, vautrés sur les tablettes des radiateurs. Et pendant que les chats dorment, les taupes et les campagnols s’en donnent à coeur joie.

Eh oui, un bel hiver, enfin ! Moins 10 degrés ! N’est-ce pas une merveilleuse saison ?

Coquecigrues

J’ai toujours aimé ce mot, sans jamais être sûre de bien en connaître le sens. Il rime avec l’incongru et sent l’insolence. Comme un coq qui se prendrait pour une grue ? Preuve de son mauvais esprit, il se laisse écrire coxigrue, coqsigrue ou, pourquoi pas, cocquecigrue.

Des coquecigrues, il y en a plein le jardin en ce bel automne : des champignons qui s’imaginent pouvoir construire une barrière de corail…

… une limace noire qui se prendrait pour une pieuvre ?

Des fraises et des framboises d’automne, des pervenches, des violettes et du basilic qui se sont habillés de fleurs pour l’hiver…

Mais pas de coqsigrue « officielle » découverte dans le dictionnaire : plante vivace de la famille des fabacées, Ononis natrix, plus connue sous le nom de bugrane jaune ou bugrane fétide.

Ononis natrix ou bugrane jaune

INPN

Quant à notre pieuvre noire, ce sont les « doigts du diable » en décomposition.  Ce « champignon-pieuvre » serait arrivé d’Australie avec les laines importées par les filatures des Vosges. A moins qu’ils n’aient été transportés par les soldats australiens et leurs chevaux sur le front de Saint-Dié-des-Vosges pendant la Première Guerre mondiale.

La grande frustration

Elles étaient tant attendues. Les coeurs de boeuf, les marmandes, les noires de Crimée, les Green Zebra, les Sweet Babies… celles qui sauraient peut-être réveiller des saveurs de vacances italiennes. John les avait patiemment semées ou repiquées, tuteurées et paillées, arrosées et repaillées…

Rien n’y fit… jusqu’à cette pluie de septembre qui a ramené la vie. Les fruits se sont multipliés et gonflés à vue d’oeil. On les a alors habillés de bulles pour les protéger de la fraîcheur des nuits…

Et voilà la récolte de l’année…

Automne en vert et roses

Même si l’été n’en finit pas, même si la forêt et les collines restent bien vertes, même si les rosiers s’obstinent à refleurir, le mois de novembre réveille l’écho d’Apollinaire, soumis pour l’éternité « au chef du signe de l’automne »…


« Ma vie est recueillie en ma saison factice

Et je feins d’écouter la chute des fruits mûrs

Tandis qu’une araignée entre mes bras se tisse

La toile où tôt cherront les pucerons impurs« 

« L’automne et l’écho » in « Le guetteur mélancolique »

Le jardin du Docteur Coué

Place Stanislas, quand vient l’automne, on peut visiter deux jardins. Dans la pénombre du Musée des Beaux-arts et dans la boutique très contemporaine de Daum, le jardin de verre et de cristal de la manufacture historique.

Collections Daum du musée des Beaux-Arts de Nancy – Boutique Daum de la Place Stanislas

Avant de suivre les traces de Daum, de Majorelle et d’Emile Gallé jusqu’au Musée de l’Ecole de Nancy, il faut visiter le jardin éphémère planté autour de la statue du bon roi Stanislas.

Cette année, le jardin, conçu sur le thème du « feu qui effleure » est à l’image du phoenix. Les photographies géantes de l’Australie et de la Californie en flammes forment comme un nid pour l’oiseau mythique dont les cendres laisseront éclore un oisillon symbole du renouveau, de la vie, plus forte que tout.

Le jardin est dédié aux sapeurs-pompiers qui ont tenu leur 128ème congrès annuel à Nancy. Je l’aurais plutôt dédié à la grande figure de l’autre Ecole de Nancy, contemporaine des maîtres de l’Art nouveau : Emile Coué, le père de la pensée positive. « Tous les jours, et à tous points de vue, je vais de mieux en mieux. »

Tous les jours, et à tous points de vue, nous allons de mieux en mieux. Ca brûle, des Landes à la Forêt de Brocéliande, mais ce n’est que pour mieux renaître. Le feu allume le feu intérieur, la solidarité, la puissance créatrice… La forêt reverdira et la vie sera encore plus belle. Tous les jours, et à tous points de vue, nous allons de mieux en mieux.

Monument à Emile Coué, Parc Sainte-Marie de Nancy. Photos e-monumen.net

Emile Coué publie « La Maîtrise de soi-même par l’autosuggestion consciente » en 1922. Dans le sillage de l’école hypnologique de Nancy et des travaux d’Ambroise Liébeault et d’Hippolyte Bernheim, la méthode Coué a connu un succès fulgurant à Nancy, puis en Europe avant de conquérir les Etats-Unis.

Beautés vénéneuses

Chaque printemps, je tente d’apprivoiser le fond du jardin au bout de l’étang. Tout près de la forêt, dans un terrain qui n’aura d’autre arrosage que la pluie, la concurrence est rude avec les racines des grands arbres. Et c’est ainsi que cette année encore, mes plantations entre deux grands bouleaux ont disparu. C’étaient des géraniums vivaces et des anémones du Japon si je me souviens bien. Mais l’espace n’est pas perdu pour tout le monde…

Depuis plusieurs jours, nous avons une jolie plate-bande colorée d’amanites tue-mouches. L’amanita muscaria est vénéneuse mais elle ne prend pas le promeneur en traître : on ne peut la confondre avec aucun autre champignon.

Sous ses allures de créatures de Walt Disney, il paraît qu’elle fait le bonheur des amateurs de voyages hallucinatoires.

La belle saison

Peut-être l’avions-nous oublié : le vert est la plus précieuse des couleurs. Avec le retour de la pluie, le retour des beaux jours : parfums d’herbes mouillées et de champignons, couleurs qui se bousculent, fleurs qui s’ébouriffent d’impatience, murmures et grondements du ruisseau, cris du martin-pêcheur. Et… le brame, « l’haleine de la nuit ».

Dans la plaine Naît un bruit. C’est l’haleine De la nuit. Elle brame Comme une âme Qu’une flamme Toujours suit.

Les Djiins, Victor Hugo

Parfums d’Asie

Quand le jardin se fait livre d’histoire : les 20èmes jardins métissés du Parc de Wesserling racontent les émerveillements de Marco Polo sur les routes de la soie. Et les découvertes qui ont fait la fortune de l’ancienne Manufacture royale et de la cité textile des Vosges, des fils de broderie D.M.C. aux « indiennes » des prestigieuses maisons Braquenié et Boussac.

En passant par la Mongolie, une forêt de prière pour le culte des ovoos, agitée de foulards bleus, de la couleur de l’esprit du ciel. Au centre de cette forêt, une table des cinq sens que l’on savoure à hauteur de végétation. au plus près de la terre.

Le « bois dansant », réinterprétation du « bois d’encens » et des rites chamaniques qui fascinèrent le voyageur, est signé par Laura Ruccolo, paysagiste, et Mélanie Germain, architecte.

Parc de Wessering