Il faut aimer la Lorraine en hiver pour comprendre le génie de ses artistes-verriers. Ils sont arrivés à la fin du moyen-âge, encouragés par les « incitations fiscales » des ducs de Lorraine. En forêt de Darney en particulier, ils ont trouvé en abondance les ingrédients de leurs transmutations : le sable de grès, le bois, les fougères et de l’eau, beaucoup d’eau. Quelques générations plus tard, tout imprégnés du paysage et de ses saisons, les artisans-verriers sont devenus artistes.
Feuilles de nénuphars prises dans la glace
Vase aux libellules, Daum, Nancy, 1904
C’est dans son usine de Wingen-sur-Moder que René Lalique crée ses effets satinés et opalescents.
Vase René Lalique, 1923
Bobèches de glace
Dans les nénuphars en tête d’article : « Danaé » d’Albert Finot et Amalric Walter, Nancy 1913.
Sublime place Stanislas, toute d’harmonie et d’équilibre, éblouissante de la lumière de ses pierres et de son pavement. Pas de place pour le végétal si ce n’est les vasques de fleurs sculptées et les fontaines de rocaille encadrées des « portes d’or » de Jean Lamour. Le décor est toujours aussi spectaculaire pour le « jardin éphémère ». Cette année, les jardiniers de Nancy veulent, par l’éphémère, laisser leur « EMPREINTE » sur le visiteur.
L’ « empreinte » de Nancy, c’est d’abord l’art nouveau et les jardiniers ont choisi pour première source d’inspiration le monde d’Emile Gallé. Pas ses iris, ses ombellifères ou ses feuilles de gingko mais moins évident : le monde marin et ses motifs décoratifs comme « La Main aux algues et aux coquillages ».
Oursins ferrugineux et oursins méduses flottent entre l’eau et l’azur. Les oursins luminescents au crépuscule Une fontaine de verre pour Stanislas le Bienfaisant
L’ « empreinte » des jardiniers de Nancy se veut aussi écologique, bien sûr : tout Nancy a été invité à participer à la collecte du verre. On le retrouve dans la bordure ajourée qui délimite le jardin aquatique créé autour de la statue du bon roi Stanislas.
Empreinte écologique de la
déforestation traduite en un jardin de braises et de cendres autour
de quelques survivants. Tristes tropiques…
« Empreinte » digitale et ligne de vie. Comme Madame Irma, les jardiniers sont allés chercher l’inspiration dans la paume de la main.
Belle métaphore en racines, en tiges, en feuilles et en fleurs : des lignes de vie qui dessinent le jardin.