Esprits de la forêt qui ne craignez
ni le cerf qui brame à vos pieds,
ni les cris de la chouette effraie,
veillez sur les coeurs purs,
maudissez les âmes noires.


entre étang et ruisseau, rosiers et vivaces
Esprits de la forêt qui ne craignez
ni le cerf qui brame à vos pieds,
ni les cris de la chouette effraie,
veillez sur les coeurs purs,
maudissez les âmes noires.

J +1, retour au calme après les vagues de visiteurs (merci Vosges Matin !). Ce fut une grande joie de partager le jardin et ses floraisons, de faire découvrir les créations des artisans d’art. C’est aussi un bonheur de redécouvrir notre petit univers en compagnie des chats, des oiseaux et du chant du ruisseau.
Sambucus nigra, le jeune sureau noir mêle ses premières enflorescences roses aux fleurs de Gertru Jekill…

Premières notes de bleu, prometteuses aux confins du potager abandonné…

Dans l’ombre du sous-bois, au bout de l’étang, le rhododendron prolonge sa floraison.

Durant de longs mois de deuil et d’abandon, la forêt a tenté de reprendre possession du jardin. Les taupes et les campagnoles amphibies aussi. Les graminées et les fleurs sauvages ont envahi le potager pour le grand bonheur des mésanges, des fauvettes et des chardonnerets, plus mélodieux que jamais. Plus qu’une petite semaine pour terminer le grand nettoyage et rendre au jardin ses lignes et ses couleurs.
Work in progress : un Hostas Crescent dont le dessin demande encore à affirmer le tracé…

Première assistante jardinière, satisfaite du défrichage de sa plate-bande préférée : le rouge lui va si bien.

Chaque premier week-end de juin, l’association Pigment’T organise un circuit de découverte des ateliers d’artistes du département des Vosges. Cette année, Un jardin en forêt de Darney et l’atelier de luminaires Lazuli Biloba à Senonges ont étendu le réseau Coté Sud-Ouest vosgien en accueillant des artistes venus de diverses communes de la Plaine.
Bernard Defer, potier et céramiste (Senonges), est toujours en quête des origines, dans ses pièces « Genèse » comme dans ses graines et semences. Une recherche qu’il exprime dans différentes techniques : terre enfumée, terre sigilée ou engobe émail.

Anik George, venue de Trémonzey avec ses gnomes délicatement sculptés dans le bois vrillé par le chèvrefeuille. Cette sculptrice délicate s’est retrouvée en parfaite harmonie avec l’esprit de la forêt.

Roselyne Norroy, céramiste Raku, est venue de Saint-Genest avec ses « Affranchies ». Ces élégantes silhouettes en mouvement témoignent de ses recherches entre stylisme et sculpture, de son travail des textures à partir des textiles.

Oxana Serra. Dans son atelier de Remoncourt, Maison Watteau, la créatrice de meubles design conjugue les matières naturelles, le confort et l’élégance. La chaleur du bois, la douceur de la laine… comme un rêve dans un chalet des Hautes-Vosges…

Martine Sauvageot (Monthureux-le-Sec) étonne toujours avec ses étranges créatures façonnées dans des matériaux insolites. « La sentinelle », une tête de sanglier à lunettes, a fait tout son effet.

Lise Gin. Tout imprégnée de la tradition et de la culture textiles de sa ville natale, Thaon-les-Vosges, Lise Gin magnifie les beaux et solides tissus d’ameublement dans une maroquinerie originale, du petit sac à main au grand sac de voyage. Pas de quoi se laisser impressionner par les « bestioles » de Métaleau…
Métaleau, c’est l’atelier de métallerie insolite de Jerry Braford à Fontenoy-le-Château. On y trouve des insectes, des lézards, des salamandres, des araignées géantes, des fleurs gigantesques dont les pétales ont brillé dans le sous-bois mais aussi des créations plus fonctionnelles comme des braseros ou des escaliers.

Danielle et John Farrow, les hôtes et jardiniers, remercient leurs visiteurs pour leur enthousiasme et leurs dons à l’Association Crins blancs, l’écurie-retraite de Relanges.
Heureusement, la presse en parle. Car ces grandes invasions nous ont laissés épuisés. Comme des ermites de retour d’un stage d’immersion en plein Paris. Epuisés mais heureux d’avoir partagé les pivoines et les roses, le ruisseau et ses cascades, les fraises sauvages et le chant des grenouilles. Heureux d’avoir fait connaître des artistes et des artisans sincères.

Erratum : C’étaient Danielle & John qui ont accueilli les artistes ! La preuve :

Mais encore :

L’entendez-vous ? Enfin, cette année, nos visiteurs pourront suivre le ruisseau en pleine activité, de cascade en cascade. Et s’ils s’aventurent à traverser le pont, ils découvriront le jardin côté sauvage. Les rhododendrons, les azalées, les bruyères, les hostas ont commencé à habiter la rive mais ils ne sont pas seuls…
Depuis un mois, à la faveur de la pluie, un visiteur a pris ses aises dans le jardin. Un visiteur tout rond, de la taille d’un chat, au pelage fauve. Serait-ce possible qu’un castor soit venu de la forêt ?

En dépit des apparences, l’animal est vif et détecte les mouvements à grande distance. J’ai tout de même réussi à l’approcher avant qu’il ne plonge et ne reste en apnée dans le bassin d’eau glacée. Entre la pluie battante et l’inquiétude de retrouver le visiteur noyé, j’ai abandonné la partie.
Il n’a pas la queue plate du castor et il a de magnifiques moustaches blanches. Il s’agirait donc d’un ragondin. Mais alors, pourquoi préfère-t-il le talus et ignore-t-il le ruisseau ? Mystère. Mystère et inquiétude : le ragondin est un nuisible particulièrement envahissant. Heureusement, il préfère l’herbe aux hellébores. Reste à espérer que la reprise des travaux le convaincra de retourner d’où il vient…

Il faut aimer la Lorraine en hiver pour comprendre le génie de ses artistes-verriers. Ils sont arrivés à la fin du moyen-âge, encouragés par les « incitations fiscales » des ducs de Lorraine. En forêt de Darney en particulier, ils ont trouvé en abondance les ingrédients de leurs transmutations : le sable de grès, le bois, les fougères et de l’eau, beaucoup d’eau. Quelques générations plus tard, tout imprégnés du paysage et de ses saisons, les artisans-verriers sont devenus artistes.


Vase aux libellules, Daum, Nancy, 1904

C’est dans son usine de Wingen-sur-Moder que René Lalique crée ses effets satinés et opalescents.
Vase René Lalique, 1923


Dans les nénuphars en tête d’article : « Danaé » d’Albert Finot et Amalric Walter, Nancy 1913.
Jubilation d’abord. Joie enfantine de trouver au réveil le jardin tout blanc, tout lisse, éblouissant de douceur. Plaisir coupable d’enfoncer ses pas dans la neige, de laisser des traces humaines dans ce calme parfait.


Mais la nuit n’a pas été calme. Pas du tout. En remontant le sentier le long du ruisseau, je découvre que je suis les traces d’un promeneur solitaire, le renard sans doute. Puis je croise une route très fréquentée par de petites pattes qui ont creusé un tunnel sous le grillage. Plus haut, une autre route, creusée par des pattes plus grandes qui ont sauté par-dessus la clôture.

Autour de l’étang, c’était une nuit de chassés-croisés comme on n’en voit que les jours de grand départ. Des piétinements intensifs vers les rives. Des traces de pattes jointes, probablement un lièvre. Des traces à cinq « doigts »… qu’est-ce donc ?


La honte. Après dix années de vie dans la forêt, on est à peine capables de distinguer les empreintes de biches, de chevreuils et de sangliers dans la forêt. Dans le jardin qui grouille de vie, on ne connaît toujours pas nos hôtes.
Seuls les chats savent. C’est pour cela qu’ils sont si prudents.

Bonne année 2024 !
Que les pluies de cet automne soient l’annonce de
quatre belles saisons
dans nos jardins et dans nos forêts.

Entre deux averses, nous travaillons au retour des roses et des pivoines pour les prochaines portes ouvertes du mois de juin. Avis aux amis visiteurs et artisans d’art…
Retour au soleil de juin 2023

Jardin partagé (1) – Graines, cocons et autres promesses de vie
Jardin partagé (2) – Le souffle du Japon
Jardin partagé (3) – Conte musical
Jardin partagé (4) – Bestiaire étrange
Jardin partagé (5) – Jardin secret
Jardin partagé (6) – Tableau final
