Obsidional, le Mémorial inconnu

Tombée d'une musette, 
une châtaigne a germé en terre des Vosges,
nourrie du mal du pays
d'un Poilu inconnu venu de Corse.

Un siècle plus tard,
un châtaignier est né au fond du jardin,
surgi d'une graine cachée
sans doute par un écureuil distrait.


Obsidional, le châtaignier des forêts des Vosges est la mémoire vivante des sacrifices humains de 1914-18. Un mémorial plus respecté par la nature que dans les forêts de croix et de stèles des Flandres et de Lorraine, où l’Europe cynique et décérébrée les trahit chaque année davantage de leurs commémorations factices.

A tous les Saints

Parce que je ne veux pas être complice de ce qu’il se passe, je prie aujourd’hui tous les Saints. Qu’ils me disent que l’Enfer existe. S’il n’existe pas, puissent les nouveaux barbares vivre sur terre l’enfer qu’ils ont eux-mêmes créé. Au plus bas des cercles de l’Enfer que Dante réservait aux traîtres, il devrait y avoir la foule de tous ces êtres froids qui brandissent l’étendard de l’éthique et de l’humanité pour mieux les ignorer ou même s’en moquer.

Planche hors texte imprimée dans L’Enfer de Dante Alighieri, avec les dessins de Gustave Doré.

« Aussitôt que nous parvînmes au fond du puits obscur sous les pieds du géant, et que nous fumes descendus beaucoup plus bas, tandis que je contemplais encore les parois élevées, j’entendis qu’on me disait :  » Prend garde où tu marches ; n’écrase pas, avec la plante de tes pieds, les têtes de tes pauvres misérables frères ! « 
A ces mots je me tournai, et je vis devant moi et sous mes pieds un grand lac, qui, étant gelé, ressemblait plutôt à du verre qu’à de l’eau. Jamais un voile plus épais ne couvrit en hiver le cours du Danube en Autriche, ou du Tanaïs sous le ciel glacé, que ne l’était celui qu’on voyait dans ce lieu, et sur lequel les monts Tabernick et Pietrapana seraient tombés sans le faire craquer à sa surface. Et comme la grenouille se met à coasser le museau hors de l’étang, à l’heure où la villageoise rêve souvent de glaner, ainsi ces ombres désolées, livides, jusque-là où se peint la honte, étaient enfoncées dans la glace, et leurs dents claquaient comme des becs de cigognes. Leur face était tournée en bas ; leur bouche, du froid, et leurs yeux témoignaient de la tristesse de leur âme. »
Chant XXXII, versets 16-39