Bleu céleste

« Inratable » nous avait promis notre pépiniériste du Jardin d’Adoué. Et elle ne mentait pas. Le camassia, qui disparaît totalement en hiver, ressurgit en avril pour fleurir en temps et en heure. Ses longs épis se couvrent d’étoiles bleues aux fines étamines jaunes.  

Ce Camassia si bien nommé ‘Caerulea’, d’un bleu venu des cieux, me rappelle plus que toute autre fleur l’extraordinaire histoire de la couleur bleue racontée par Michel Pastoureau. Ou comment le bleu, couleur barbare méprisée dans l’Antiquité, est devenu la couleur préférée du monde occidental. Au rouge et aux couleurs de feu exaltés par les Grecs et les Romains, les Chrétiens préfèrent le bleu céleste, une couleur « spirituelle », proche des cieux et de l’eau qui purifie.

Bleu en puissance des iris qui se préparent pour la prochaine ouverture du jardin devant le bleu intense des pervenches…

Bleu sauvage et envahissant comme l’Ajuga reptans, si injustement nommée « bugle rampante ». Elle mérite des sonorités pour légères.

Dilemmes du jardinier

Elles sont plus fortes que tout, les sauvages de la forêt. Les bugles rampantes se disputent le terrain avec les fraises sauvages. Les lysimaques ciliata Fire Cracker parviennent à émerger (elles aussi sont envahissantes) mais les saxifrages et les phlox sauront-ils s’imposer ?

Au bord de la forêt, les silènes dioïques, joliment appelées compagnons rouges et compagnons blancs se battent avec les myosotis, les primevères sauvages et les euphorbes des bois. Arracher ? éclaircir ? Laisser faire la nature, sachant que dans quelques semaines, tout cela n’aura plus du tout la même allure ?