Yuki-zuri

Japon : pays de toutes les nuances du bois, de la mousse, du thé amer et de ces grosses flutes de bambou dans lesquelles on engouffre l’air par litres pour obtenir cette note basse et tremblante d’une mélancolie qui en dit long sur le pays.

Nicolas Bouvier, « Le vide et le plein. Carnets du Japon 1964-1970) ». Merci à Bouche à Oreilles pour cette découverte.

Arriverons-nous un jour à comprendre ce pays ? Et les Japonais, si polis, si réservés, comment nous perçoivent ils ? Ils se passionnent pour l’Ecole de Nancy et les subtilités de l’art d’Emile Gallé. Sont-ils touchés par un exotisme aux échos japonisants ou trouvent-ils dans son travail du verre des nuances qui nous échappent ?

Entre Nancy et Kanazawa, c’est un immense herbier de verre et de cristal qui scelle la gémellité des deux villes . Et l’amour des jardins. Les jardins Kenrokuen conçus au XVIIème siècle sont considérés comme l’une des merveilles du Japon. Soumis à de grandes variations climatiques, on y protège les arbres de grands paraneiges, un réseau de cordes plantées autour de l’arbre pour dresser un cône protecteur.

Jardin éphémère, pace Stanislas, Nancy octobre 2023

Le jardin du Docteur Coué

Place Stanislas, quand vient l’automne, on peut visiter deux jardins. Dans la pénombre du Musée des Beaux-arts et dans la boutique très contemporaine de Daum, le jardin de verre et de cristal de la manufacture historique.

Collections Daum du musée des Beaux-Arts de Nancy – Boutique Daum de la Place Stanislas

Avant de suivre les traces de Daum, de Majorelle et d’Emile Gallé jusqu’au Musée de l’Ecole de Nancy, il faut visiter le jardin éphémère planté autour de la statue du bon roi Stanislas.

Cette année, le jardin, conçu sur le thème du « feu qui effleure » est à l’image du phoenix. Les photographies géantes de l’Australie et de la Californie en flammes forment comme un nid pour l’oiseau mythique dont les cendres laisseront éclore un oisillon symbole du renouveau, de la vie, plus forte que tout.

Le jardin est dédié aux sapeurs-pompiers qui ont tenu leur 128ème congrès annuel à Nancy. Je l’aurais plutôt dédié à la grande figure de l’autre Ecole de Nancy, contemporaine des maîtres de l’Art nouveau : Emile Coué, le père de la pensée positive. « Tous les jours, et à tous points de vue, je vais de mieux en mieux. »

Tous les jours, et à tous points de vue, nous allons de mieux en mieux. Ca brûle, des Landes à la Forêt de Brocéliande, mais ce n’est que pour mieux renaître. Le feu allume le feu intérieur, la solidarité, la puissance créatrice… La forêt reverdira et la vie sera encore plus belle. Tous les jours, et à tous points de vue, nous allons de mieux en mieux.

Monument à Emile Coué, Parc Sainte-Marie de Nancy. Photos e-monumen.net

Emile Coué publie « La Maîtrise de soi-même par l’autosuggestion consciente » en 1922. Dans le sillage de l’école hypnologique de Nancy et des travaux d’Ambroise Liébeault et d’Hippolyte Bernheim, la méthode Coué a connu un succès fulgurant à Nancy, puis en Europe avant de conquérir les Etats-Unis.

Nancy : Jardin éphémère 2019

Sublime place Stanislas, toute d’harmonie et d’équilibre, éblouissante de la lumière de ses pierres et de son pavement. Pas de place pour le végétal si ce n’est les vasques de fleurs sculptées et les fontaines de rocaille encadrées des « portes d’or » de Jean Lamour. Le décor est toujours aussi spectaculaire pour le « jardin éphémère ». Cette année, les jardiniers de Nancy veulent, par l’éphémère, laisser leur « EMPREINTE » sur le visiteur.

L’ « empreinte » de Nancy, c’est d’abord l’art nouveau et les jardiniers ont choisi pour première source d’inspiration le monde d’Emile Gallé. Pas ses iris, ses ombellifères ou ses feuilles de gingko mais moins évident : le monde marin et ses motifs décoratifs comme « La Main aux algues et aux coquillages ».


Oursins ferrugineux et oursins méduses flottent entre l’eau et l’azur.
Les oursins luminescents au crépuscule
Une fontaine de verre pour Stanislas le Bienfaisant

L’ « empreinte » des jardiniers de Nancy se veut aussi écologique, bien sûr : tout Nancy a été invité à participer à la collecte du verre. On le retrouve dans la bordure ajourée qui délimite le jardin aquatique créé autour de la statue du bon roi Stanislas.

Empreinte écologique de la déforestation traduite en un jardin de braises et de cendres autour de quelques survivants. Tristes tropiques…

« Empreinte » digitale et ligne de vie. Comme Madame Irma, les jardiniers sont allés chercher l’inspiration dans la paume de la main.

Belle métaphore en racines, en tiges, en feuilles et en fleurs : des lignes de vie qui dessinent le jardin.

Ligne de vie
Dahlias flottant
Symphonie en bleu

https://www.tourisme-lorraine.fr/a-voir-a-faire/agenda/737005238-jardin-ephemere-nancyardin éphémère