Flash back 2

Mars 2013. Nous emménageons sous la neige. Priorité absolue : installer une parabole pour nous connecter à Internet. L’installateur se demande quelle idée saugrenue nous amène dans la plaine des Vosges. Le malheureux ne rêve que de palmiers et de sable chaud. C’est donc en plein hiver que nous explorons le jardin dans toute sa nudité. Et que nous envisageons tous les possibles.

Le haut du jardin, au niveau de l’étang, était particulièrement « propre », selon les critères des anciens maîtres des lieux. Herbes tondues, feuilles balayées et, près de la clôture qui nous protège des biches et des sangliers, une mystérieuse surface couverte d’une solide bâche verte.

Il y avait tant à faire que ce n’est qu’en 2015 que nous avons entrepris de donner vie à cet « étage » du jardin. En commençant par soulever la bâche. Surprise : une mare… puis une margelle qui laisse penser qu’il s’agit plutôt d’une source qui devait, dans un lointain passé, être aménagée. Peut-être en fontaine ?

Cette source, nous l’avons compris durant l’hiver quand la température est tombée à -16° (ça s’est bien adouci depuis ! ) est une source d’eau chaude. La mare n’a jamais gelé. En revanche, elle s’assèche durant la canicule…

Premières plantations au printemps 2016 : un arc de bambous fargesia (non traçants) côté forêt ; à l’avant-plan : des miscanthus sinensis Gracillimus, des laîches d’Oshima, des carex et quelques autres qui n’ont pas survécu… Il n’a pas fallu attendre longtemps pour constater que les grenouilles avaient repris possession des lieux.

Et la population batracienne s’est épanouie au rythme que la végétation…

Les grenouilles ont alors eu droit à leur allée privée bordée de lonicera nitida pour les guider vers l’étang les jours de sécheresse.

Mais à force de respecter la quiétude des grenouilles, la végétation a pris des proportions hors de contrôle. Les graminées ont envahi les bords de la mare, les crocosmias se sont affaissés sous le poids de leurs longues grappes devenues inaccessibles…

Eté 2020 : les bambous dépassent les 2 mètres.

Les haies de lonicera nitida se sont bien étoffées.

Les euphorbes et les phlomis ont donné un peu de tenue au massif…

…mais ils se sont eux aussi laissés déborder par les luxuriantes…

Il était temps d’agir. Les travaux de cet hiver ont été couronnés de neige : un mur en pierres sèches double l’arc de bambous, de graminées, de crocosmias, d’hémérocalles et d’iris. Le grillage qui maintiendra leur floraison se fera oublier sous leurs feuillages et derrière les euphorbes, les phlomis et les sedums qui vont se densifier.

Une pensée pour les grenouilles qui doivent hiberner bien au chaud à l’abri des bambous.

Grands travaux aquatiques

L’étang est à son niveau le plus bas. Le bon moment pour faire le ménage car, de toute évidence, les nénuphars et les graminées adorent l’eau chaude.

En deux ans, ils se sont multipliés à vitesse grand V au point que les feuillages étouffent les fleurs de nymphéas et menacent peut-être la vie des profondeurs.

Il était temps d’éclaircir tout cela. Mais nous avons dû nous avouer vaincus et appeler du renfort. L’arrachage des racines de nénuphars comme des rhizomes des graminées relève des travaux d’Hercule.

Travail ingrat pour un résultat assez désolant. Visuellement seulement. L’étang et ses habitants, carpes, brochets et goujons, couleuvres et grenouilles, sans oublier les campagnols amphibies, vont pouvoir respirer.

Pour limiter la repousse au moins sur le talus (car nous ne nous faisons pas d’illusion, elles repousseront !), nous tentons la technique de la barrière anti-rhizomes. Et nous cherchons des espèces de plantes capables de concurrencer les graminées…

Ca brûle !

 » L’oasis de l’univers héberge sur son épiderme une nouvelle gale : l’homo faber !  » Jean-Marie Pelt, « Le tour du monde d’un écologiste »

Là, entre les bambous et les graminées, il y avait une mare. Un petit paradis pour les grenouilles. Aujourd’hui, la mare est sèche. Heureusement, les grenouilles ont pu migrer vers l’étang. Mais le niveau baisse là aussi…