jardin en deuil
herbes folles
lignes floues
petit matin habité
le cerf et la chouette
veillant au bord du ruisseau
Dark beauty

Dark beauty
lumière dans la nuit de l’été
flamme en attente d’un retour
Immortelle Hortense
L’hydrangéa, fleur des huit immortels. L’hortensia, l’hydrangéa qui immortalise la plus célèbre des Hortense. Mais qui donc était cette Hortense ? A qui pensait Philibert Commerson quand il découvrit l’Hydrangea macrophylla pour le baptiser « hortensia ». Une épouse, une soeur, une maîtresse ?

Ou pensait-il latin comme tout bon botaniste : l’hortensia est la fleur de jardin (‘hortus’) par excellence…

Bien sûr, l’hortensia n’a pas la subtilité des hydrangéas à fleurs plates ou à panicules mais il illumine généreusement les coins d’ombre jusqu’aux gelées. Et à y regarder de plus près, il est lui aussi plein de nuances.

La fleur des huit immortels
Comme son nom le laisse deviner, l’ hydrangea, étymologiquement « vase d’eau », aime la pluie. Le botaniste qui a ainsi baptisé un spécimen venu de Virginie, pour ses petites capsules en forme de coupes, n’avait encore rien vu. Car la plupart des hydrangeas sont originaires d’Asie. Les Chinois les nomment « Fleur des huit immortels », huit divinités taoïstes luttant contre le mal. Ils font la splendeur des jardins de la région de Shanghaï depuis l’époque Ming.
Où l’on voit que l’image du « vase d’eau » ne rend pas justice à la grande variété d’inflorescences de la Fleur des huit immortels. Comme les panicules neigeuses de l’hydrangea ‘Early Sensation’…

Et les grandes inflorescences plates de l’hydrangea Koria…


Hydrangea Koria en début de floraison. Les petites fleurs centrales deviendront bientôt de petites pépites bleu saphir.

‘Blue Bird’ d’un bleu azur intense dès le départ de la floraison, une couleur toujours aussi insaisissable…
Sur le circuit Pigment’ T
Chaque premier week-end de juin, l’association Pigment’T organise un circuit de découverte des ateliers d’artistes du département des Vosges. Cette année, Un jardin en forêt de Darney et l’atelier de luminaires Lazuli Biloba à Senonges ont étendu le réseau Coté Sud-Ouest vosgien en accueillant des artistes venus de diverses communes de la Plaine.
Bernard Defer, potier et céramiste (Senonges), est toujours en quête des origines, dans ses pièces « Genèse » comme dans ses graines et semences. Une recherche qu’il exprime dans différentes techniques : terre enfumée, terre sigilée ou engobe émail.

Anik George, venue de Trémonzey avec ses gnomes délicatement sculptés dans le bois vrillé par le chèvrefeuille. Cette sculptrice délicate s’est retrouvée en parfaite harmonie avec l’esprit de la forêt.

Roselyne Norroy, céramiste Raku, est venue de Saint-Genest avec ses « Affranchies ». Ces élégantes silhouettes en mouvement témoignent de ses recherches entre stylisme et sculpture, de son travail des textures à partir des textiles.

Oxana Serra. Dans son atelier de Remoncourt, Maison Watteau, la créatrice de meubles design conjugue les matières naturelles, le confort et l’élégance. La chaleur du bois, la douceur de la laine… comme un rêve dans un chalet des Hautes-Vosges…

Martine Sauvageot (Monthureux-le-Sec) étonne toujours avec ses étranges créatures façonnées dans des matériaux insolites. « La sentinelle », une tête de sanglier à lunettes, a fait tout son effet.

Lise Gin. Tout imprégnée de la tradition et de la culture textiles de sa ville natale, Thaon-les-Vosges, Lise Gin magnifie les beaux et solides tissus d’ameublement dans une maroquinerie originale, du petit sac à main au grand sac de voyage. Pas de quoi se laisser impressionner par les « bestioles » de Métaleau…
Métaleau, c’est l’atelier de métallerie insolite de Jerry Braford à Fontenoy-le-Château. On y trouve des insectes, des lézards, des salamandres, des araignées géantes, des fleurs gigantesques dont les pétales ont brillé dans le sous-bois mais aussi des créations plus fonctionnelles comme des braseros ou des escaliers.

Danielle et John Farrow, les hôtes et jardiniers, remercient leurs visiteurs pour leur enthousiasme et leurs dons à l’Association Crins blancs, l’écurie-retraite de Relanges.
Lu dans le journal
Heureusement, la presse en parle. Car ces grandes invasions nous ont laissés épuisés. Comme des ermites de retour d’un stage d’immersion en plein Paris. Epuisés mais heureux d’avoir partagé les pivoines et les roses, le ruisseau et ses cascades, les fraises sauvages et le chant des grenouilles. Heureux d’avoir fait connaître des artistes et des artisans sincères.

Erratum : C’étaient Danielle & John qui ont accueilli les artistes ! La preuve :

Mais encore :

J -3 So British
L’été dernier, nous nous pensions condamnés à « acclimater » le jardin, à en faire un jardin sec, un jardin gris, peuplé de cactées et autres plantes piquantes. Le ciel en a voulu autrement, le jardin ressemble de plus en plus au jardin anglais tant espéré.

Un renouveau ou un dernier sursaut ? Peu importe puisqu’on n’y peut rien et qu’en attendant. on prend du vert plein les yeux, un vert généreux, juteux, parfumé.

J -3 pour l’ouverture des portes sous un ciel tout britannique, variable entre soleil et passages nuageux. Un temps idéal pour prolonger de belles floraisons.

J -7 Into the wild
L’entendez-vous ? Enfin, cette année, nos visiteurs pourront suivre le ruisseau en pleine activité, de cascade en cascade. Et s’ils s’aventurent à traverser le pont, ils découvriront le jardin côté sauvage. Les rhododendrons, les azalées, les bruyères, les hostas ont commencé à habiter la rive mais ils ne sont pas seuls…
La grande férule
La grande férule en majesté
Soleil des Hellènes
Délices des abeilles


En dix jours, ce qui a soudainement surgi comme un niwaki, un arbre nuage, a déployé ses ombelles d’un jaune rayonnant.
Mêli-mêlo d’ancolies
« L’anémone et l’ancolie
Ont poussé dans le jardin
Où dort la mélancolie
Entre l’amour et le dédain »« Clotilde », Guillaume Apollinaire
Non, point de bile, point de noirceur dans l’ancolie. Elle est gracieuse et fantasque, se ressemant là où le vent l’y pousse. Elle est rose nacré ou pourpre violacé, les pétales lisses ou chiffonnés, d’une morphologie aussi étrange que son étymologie.

Non, l’ancolie n’est ni mère ni fille de la mélancolie, la « bile noire » des Grecs (μελαvχολία composé de μέλας, « noir » et de χολή « la bile » ). Ou si peu…

Elle a suivi des chemins plus tortueux. Aquilegia vulgaris devrait son nom à ses cavités qui recueillent l’eau. A moins que le nom ne dérive de l’aigle, « aquila », à cause de ses étranges éperons en forme de crochet.

De dérive en dérive, en passant par la symbolique médiévale et la contamination avec la mélancolie, « Aquilegia » est devenue « ancolie ». Elle aime l’eau, la pluie, l’ombre et le soleil, la liberté.




