Rendez-vous au jardin les 10 et 11 juin

Gertrude Jekill, Madame David Austin, Queen Elizabeth sont prêtes. Les pivoines vont sortir de leurs cages et les artistes vont commencer à s’installer jusque sur les rochers du ruisseau :

les sculptures de crin de Fabrice Po, les chimères de Martine Sauvageot, 

les cocons, semences et autres céramiques de Bernard Defer, 

les créations en raku de Ginette Heuraux et en terre fumée de Roselyne Norroy,

le jardin secret éclairé des lumières végétales de Lazuli Biloba et des invitations au voyage de Lise Gin…

Et, si le soleil ne se fait pas trop brûlant, encore quelques fleurs de glycines, d’azalées et de rhododendrons…

Dernier arc-en-ciel

Il n’aura fallu qu’une matinée pour démonter dix épicéas de 30 mètres de hauteur et de plusieurs décennies d’âge. Et c’est en moins d’une heure que leurs dépouilles ont été réduites en broyats dans un grand vacarme et dans de grandes vapeurs poussiéreuses au parfum de résine.

Et l’on comprend alors ce que la déforestation veut dire. Que le progrès, c’est la vitesse. Que la vitesse, c’est la violence.

Et l’on se souviendra des merveilleux arcs-en-ciel qui s’accrochaient aux branches de nos épicéas…

Aucun oiseau n’a été maltraité durant le démontage

Quand le bûcheron nous annonça qu’il faudrait attendre le mois de mai pour démonter nos épicéas (stabilité de la grue oblige), notre première pensée fut pour nos mésanges. Car au bout de l’allée, sous les branches des derniers épicéas, un lilas entremêlé au cognassier du Japon, au seringat et au berberis Koreana leur offrent le meilleur (et le plus parfumé) des refuges. La première mesure fut de déplacer les boules de graines vers le potager. Elles ont aussitôt suivi. Restait cependant à éviter qu’elles ne reviennent dans le cognassier ou le berberis pour y faire leurs nids.

Lilas et Berberis Koreana
Lilas et Berberis Koreana

Nous avons alors demandé conseil à la Ligue de protection des oiseaux. Réponse immédiate, pratique et circonstanciée…

La LPO préconise d’entreprendre tous travaux d’élagage et/ou d’abattage en dehors de la période de nidification des oiseaux : l’idéal étant de les réaliser entre novembre et février, d’une part, pour le bien-être des arbres (métabolisme nettement ralenti en hiver) et d’autre part, pour éviter de porter atteinte aux couvées d’oiseaux (voir notre actualité parue le 31 mars dernier au lien suivant : https://www.lpo.fr/qui-sommes-nous/espace-presse/communiques/cp2022/ne-taillez-pas-vos-haies-pensez-aux-nids).

Néanmoins, si vous êtes dans l’impossibilité d’effectuer vos travaux en dehors de la période de nidification, vous pouvez poser des systèmes d’effarouchement (inoffensifs pour les oiseaux) dans vos arbres. Un dérangement fréquent des oiseaux ne les inciteront pas à s’y installer.

  1. Les mobiles :
  • Suspension, dans les arbres, de mobiles composés de fines et longues lames de métal : acier, aluminium, zinc, cuivre… qui sous l’effet du vent vont produire des sons, voire refléter des images (acier inoxydable ou chromé) ;
  • Installation de silhouettes de rapaces (voir en pièce jointe) qu’il faut fabriquer, selon la durée d’utilisation et le contexte météorologique, en carton fort ou en bois de faible épaisseur. Les peindre si possible de couleur sombre.

Les émissions sonores :

  •  Emission, via un lecteur CD ou une bande son Mp3 ou Mp4, de séquences sonores : cris d’alarme et de détresse qui sont émis lorsqu’un oiseau est saisi ou menacé par un prédateur (voir le CD « Ornithofuga »). Les cris sont à passer en boucle, à intervalles réguliers.

On a respecté les consignes à la lettre mais on a calé sur les émissions sonores. On s’est contentés de claquer des mains quand on a surpris des oiseaux dans le buisson. Et nous n’avons trouvé aucun nid accidenté ou abandonné par les bûcherons volants…

La déposition des géants

Il n’aura fallu que quelques mois aux scolytes, petits coléoptères particulièrement ravageurs, pour tuer nos épicéas. Quelques mois et quelques canicules. Ces épicéas, du haut de leurs trente mètres, nous protégeaient des vents d’Est…

…et nous pompaient chacun quelque 300 litres d’eau par jour. On se console en pensant aux 3000 litres d’eau, puisqu’ils étaient dix, qui redonneront vie chaque jour à notre jardin.

Les effets sont déjà visibles sur le talus, qui était encore à l’ombre des épicéas jusqu’à hier, où les pervenches et les vivaces de printemps ont pris des proportions spectaculaires.

Le choix de la cohabitation ?

C’est l’ printemps ! Et le retour des guerres de territoire. Anémones sauvages et ail des ours. Jacinthes et narcisses. Tulipes et muscaris. Pervenches, primevères et pâquerettes. Et, au coeur d’une touffe de pivoines de Chine, une pousse de rosier rugueux, une ‘Rosa gallica’ conquérante et toute hérissée d’épines.

Y aurait-il devoir d’ingérence ? Faut-il les séparer avant qu’ils ne s’entre-étouffent ? Ou rester prudemment dans la neutralité et l’observation ?

13

C’était un mercredi 13. On n’osait pas vraiment y croire mais le grand jour était arrivé. En pleine « offensive hivernale », Météo France multipliait les alertes oranges mais ce mercredi 13 mars 2013, on quittait enfin la ville. Il neigeait. Les déménageurs râlaient. L’installateur de l’Internet satellite râlait et nous demandait ce qu’on venait faire là.

Et puis ce fut le silence, le silence ouaté du jardin sous la neige.

Puis le silence habité par le grondement du ruisseau quand il s’est gonflé de la fonte des neiges.

Puis le silence a laissé tout l’espace au chant des merles et des pinsons, aux cris du martin-pêcheur et du héron.

Et puis dix années palpitantes à apprendre à « savoir où on habite »… ou commencer à apprendre.

Grand hêtre, d’où viens-tu ?

Quel âge peut-il avoir ? Qui l’a planté là ? Difficile d’imaginer un oiseau transportant une graine du parc thermal de Vittel ou de Contrexéville. Difficile d’imaginer que cette graine de hêtre pleureur, Fagus sylvatica ‘Pendula’, ait pu s’imposer dans la jungle des faines « communes » qui éclosent chaque printemps.

Il est si bien planté, là, sur la ligne la plus haute du jardin, comme un pilier sécurisant la digue de l’étang, les racines protégeant la pente de toute érosion. Une telle perfection ne peut être le fruit du hasard…

La circonférence du tronc (à 1,40 m du sol) étant de 225 cm, le diamètre étant donc de 71,62 cm, diamètre que je multiplie par le facteur multiplicateur correspondant au hêtre soit facteur 2 ou 2,5 (les experts ne sont pas d’accord), notre hêtre aurait entre 145 et 180 ans.

Il serait donc né entre 1843 et 1878. Notre maison n’existait pas encore. Il n’y avait alors qu’une petite maison de pierre accolée à un moulin à eau disparu sans laisser de traces.

Et si l’on disait que notre hêtre avait été planté en 1855 ? C’est l’année de naissance de la station thermale de Vittel et de la grande mode des cures, aussi festives que médicinales.

Peut-être a-t-il été planté par un citadin (un médecin de Nancy, un industriel d’Epinal, un banquier de Metz) comme la première essence d’un futur jardin de campagne ? Ou un « investisseur » flairant le juteux marché des curistes ?

On ne connaîtra jamais la généalogie de ce seigneur qui chaque année se réveille lentement, quand les autres feuillus sont déjà bien verts. Question de taille sans doute, il doit falloir du temps pour que la sève irrigue sa ramure échevelée…

Neige ou soleil ?

Petit matin glacé. Glacé mais pas trop, juste assez froid pour que le ciel nous tombe sur la tête en gros flocons, pour que le givre gonfle ses cristaux sur les branches et les brindilles. Le soleil s’imposera-t-il aux nuages chargés de neige ?

Chaque arbre, chaque buisson révèle ses arborescences givrées, comme la glycine et ses beaux entrelacs…

Une heure de spectacle, de lutte entre soleil et nuages et le soleil l’emporte, révélant de nouveaux reliefs et mille nuances à la blancheur…

2023

Heureuse et lumineuse année 2023

Même si la neige n’est pas au rendez-vous de ce 1er janvier,

on peut rêver que les pivoines fleuriront bien au printemps…

…quand le jardin ouvrira ses portes aux artistes, artisans et amis visiteurs, les samedi et dimanche 10 et 11 juin 2023

Retour sur les portes ouvertes 2022

Quand le chat est endormi…

C’est le service minimum depuis que le froid a figé le jardin. Les chats ronronnent, vautrés sur les tablettes des radiateurs. Et pendant que les chats dorment, les taupes et les campagnols s’en donnent à coeur joie.

Eh oui, un bel hiver, enfin ! Moins 10 degrés ! N’est-ce pas une merveilleuse saison ?