C’est bientôt la « fête » de la grenouille

Les uns sont déjà en train de préparer la « fête de la grenouille ». Au menu : « cuisses de grenouilles à volonté ». Un festin alimenté par les cuisses congelées en provenance d’eaux saumâtres d’Indonésie pour la plupart, puisque l’espèce est protégée dans l’Union européenne.

Les autres se lèvent tôt pour édifier des crapaudromes, des voies de circulation protégées, car combien d’automobilistes ralentissent-ils en voyant des panneaux d’alerte de traversées de batraciens ?

Les uns se gavent, les autres jouent les colibris.

La mare aux grenouilles alimentée d’une source tiède, envahie de menthe aquatique, protégée par un rideau de bambous Fargesia

Chez nous, crapauds et grenouilles migrent tranquillement de la mare à l’étang, du bassin au ruisseau sans autre risque que de rencontrer le héron ou le chat. Le héron arrive peut-être à en picorer dans l’étang. Le chat rentre toujours bredouille.

Et bientôt, ce sera le beau spectacle des grenouilles prenant le soleil sur leur feuille de nénuphar, happant moustiques et moucherons.

Près de 3000 tonnes de cuisses de grenouilles vont encore débarquer en France cette année, selon la Direction générale de l’alimentation. La plupart d’Indonésie alors que « l’Inde et le Bangladesh étaient les principaux fournisseurs de la France dans les années 1980-1990, jusqu’à ce qu’ils décident d’arrêter l’exportation à cause de l’effondrement des populations et des effets dominos des captures de masse, comme la prolifération des moustiques et des ravageurs de cultures et, en conséquence, une augmentation de l’utilisation des pesticides ».

Haïku printanier

Oiseaux en délire

Invasion de primevères

Pourquoi se fatiguer ?

Mais il y a de quoi faire…

Et on est bien récompensés de nos efforts.

Le retour des bergeronnettes

Depuis notre arrivée dans les Vosges, les bergeronnettes font notre printemps. Miracle du 10 mars, elles reviennent du Midi, ou de plus loin, pour faire le spectacle : loopings, vols stationnaires, vols ascensionnels, arpentage du jardin au rythme des hochements de queue.

Comment ces petits oiseaux si frêles, si légers traversent-ils vents et tempêtes pour revenir à nous ? En remontant le cours de la Saône (et évitant les éoliennes) pour retrouver notre petit ruisseau ?

Bergeronnette ou hochequeue gris (Motacilla alba)

Ce 10 mars, ce sont deux couples qui sont arrivés. Après des années à observer le déclin de ces hôtes si joyeux, on va dire que nous sommes rassurés.

Ce n’est pas le printemps pour tout le monde. La salamandre, installée au fond du regard de l’arrivée d’eau d’arrosage, n’a aucune envie de se réveiller.

A visiter : la nature vosgienne et le magnifique site d’Hervé Parmentelat :

https://vosges-nature.net/

La gouge, le sarcloir et la binette

Quelques jours de soleil sur un sol gorgé d’eau et c’est la jungle. Si le Roundup ne contient plus que de l’acide acétique (du vinaigre vendu à prix d’or), il n’est toujours pas question d’incommoder les lombrics.

On a sorti sécateurs et cisailles, binettes et serfouettes, fourches, râteaux et grelinettes. Une hyperactivité qui fait le bonheur des chats et qui a éloigné l’intrus.

Dommage qu’on ne puisse compter sur l’aide des voisins…

Le jeu de l’oie pour les jardiniers en herbes appartient aux https://www.fichesdeprep.fr/2015/03/08/vocabulaire-les-outils-du-jardinier/

Quand les chats dorment au sec…

Depuis un mois, à la faveur de la pluie, un visiteur a pris ses aises dans le jardin. Un visiteur tout rond, de la taille d’un chat, au pelage fauve. Serait-ce possible qu’un castor soit venu de la forêt ?

En dépit des apparences, l’animal est vif et détecte les mouvements à grande distance. J’ai tout de même réussi à l’approcher avant qu’il ne plonge et ne reste en apnée dans le bassin d’eau glacée. Entre la pluie battante et l’inquiétude de retrouver le visiteur noyé, j’ai abandonné la partie.

Il n’a pas la queue plate du castor et il a de magnifiques moustaches blanches. Il s’agirait donc d’un ragondin. Mais alors, pourquoi préfère-t-il le talus et ignore-t-il le ruisseau ? Mystère. Mystère et inquiétude : le ragondin est un nuisible particulièrement envahissant. Heureusement, il préfère l’herbe aux hellébores. Reste à espérer que la reprise des travaux le convaincra de retourner d’où il vient…

Quand on n’a pas de mimosa…

Les Anglais l’appellent « Christmas box ». A vrai dire, il faut attendre la chandeleur pour découvrir le cadeau caché dans le sarcococca, quand ses minuscules fleurs blanches libèrent leur parfum. Puissant, étourdissant.

Fleurs de Sarcococca confusa

Quand ils ne trouvent pas le bon mot pour définir une saveur, les chroniqueurs gastronomiques parlent de plus en plus souvent d’ « un goût de noisette ». Légumes anciens ou nouvelles feuilles de salade goûtent donc la noisette. L’horticulteur paresseux quant à lui sent de la vanille partout. Mais le parfum du sarcococca n’a rien de la douceur sucrée de la vanille. Certains, au nez plus affuté, nuancent de notes de jasmin ou de gardenia. Peut-être faudrait creuser la piste du parfum « chypré », qui utilise la mousse de chêne, le patchouli et le musc pour créer une base terreuse et boisée…

Que d’oiseaux, que d’oiseaux !

Cette année encore, nous avons entendu l’appel de la Ligue de protection des oiseaux à compter les oiseaux du jardin. Cette année encore, nous nous déclarons vaincus… et heureux. Mésanges bleues et charbonnières, merles et rouges-gorges, troglodytes mignons et autres espèces plus furtives volent de mangeoire en mangeoire, de la haie aux derniers fruits du pommier de l’Himalaya.

Cette année encore, nous donnons notre langue aux chats…

La méthode est pourtant claire :

  • Choisir un jour d’observation : samedi 27 ou dimanche 28 janvier, et un créneau d’1 heure. En cette période hivernale, privilégiez la fin de matinée ou le début d’après-midi, lorsque les températures sont un peu plus chaudes et les oiseaux plus actifs ; 
  • Trouver un lieu d’observation : un jardin ou un balcon, à la ville ou en campagne. Un parc public peut également servir de lieu d’observation ; 
  • Compter et noter durant 1 heure tous les oiseaux qui visitent le jardin. Afin de ne pas compter 2 fois le même oiseau, conservez au final que le nombre maximal d’oiseaux de la même espèce observés en même temps ; 
  • Transmettre les données sur le site de l’Observatoire des oiseaux des jardins : www.oiseauxdesjardins.fr

Des Daum et des Lalique dans le jardin

Il faut aimer la Lorraine en hiver pour comprendre le génie de ses artistes-verriers. Ils sont arrivés à la fin du moyen-âge, encouragés par les « incitations fiscales » des ducs de Lorraine. En forêt de Darney en particulier, ils ont trouvé en abondance les ingrédients de leurs transmutations : le sable de grès, le bois, les fougères et de l’eau, beaucoup d’eau. Quelques générations plus tard, tout imprégnés du paysage et de ses saisons, les artisans-verriers sont devenus artistes.

Vase aux libellules, Daum, Nancy, 1904

C’est dans son usine de Wingen-sur-Moder que René Lalique crée ses effets satinés et opalescents.

Vase René Lalique, 1923

Bobèches de glace

Dans les nénuphars en tête d’article : « Danaé » d’Albert Finot et Amalric Walter, Nancy 1913.

Honte et jubilation

Jubilation d’abord. Joie enfantine de trouver au réveil le jardin tout blanc, tout lisse, éblouissant de douceur. Plaisir coupable d’enfoncer ses pas dans la neige, de laisser des traces humaines dans ce calme parfait.

Mais la nuit n’a pas été calme. Pas du tout. En remontant le sentier le long du ruisseau, je découvre que je suis les traces d’un promeneur solitaire, le renard sans doute. Puis je croise une route très fréquentée par de petites pattes qui ont creusé un tunnel sous le grillage. Plus haut, une autre route, creusée par des pattes plus grandes qui ont sauté par-dessus la clôture.

Autour de l’étang, c’était une nuit de chassés-croisés comme on n’en voit que les jours de grand départ. Des piétinements intensifs vers les rives. Des traces de pattes jointes, probablement un lièvre. Des traces à cinq « doigts »… qu’est-ce donc ?

La honte. Après dix années de vie dans la forêt, on est à peine capables de distinguer les empreintes de biches, de chevreuils et de sangliers dans la forêt. Dans le jardin qui grouille de vie, on ne connaît toujours pas nos hôtes.

Seuls les chats savent. C’est pour cela qu’ils sont si prudents.

Vernalisation

Petit coup de froid à la mi-décembre, douceur au nouvel an et la sauge de Jérusalem croit que le printemps est là. Du froid, du chaud et de copieux arrosages ont réveillé les graines restées captives dans les tubes des fleurs. Sans attendre de tomber dans la terre, les graines du Phlomis fructicosa se sont mises à germer sur pied.

Phlomis fructicosa, janvier 2024


Pas besoin donc de stratification à froid* comme je l’ai pratiquée (dans l’enthousiasme du jardinier débutant) aves les graines de delphinium. La météo s’en est chargé. Mais le froid qui nous arrive de Moscou va remettre les pendules à l’heure.

Phlomis fructicosa, septembre 2019

Pas d’inquiétude cependant. La sauge de Jérusalem résiste à tout, aux grands froids, aux canicules, à la sécheresse.

Phlomis fructicosa, juin 2023

*La vernalisation est une période de froid subie par une plante nécessaire pour la faire passer du stade végétatif au stade reproductif, c’est-à-dire pour enclencher la floraison. Certains laboratoires disposent de serres ou fosses équipées pour une « vernalisation contrôlée ».

Vernalisation et stratification sont deux notions différentes, bien que souvent confondues, la vernalisation est le phénomène biologique qui permet l’induction florale, alors que la stratification est un procédé technique permettant de lever la dormance, elle permet d’imiter artificiellement les conditions hivernales pour démarrer la germination.