Pluie de rêve

De canicule en sécheresse, le rêve de voir un jour fleurir une vallée d’azalées et de rhododendrons le long du ruisseau s’était bien rabougri. Côté jardin, dans le creux de la pente, ils prospèrent plus que de raison, étouffant leurs voisins hydrangéas.

Azalées, rhododendrons, skimmias et hydrangeas côté jardin

Côté forêt, ils vivotaient à moins qu’ils n’aient déjà succombé. Et voilà qu’un hiver et un printemps de pluie ont redonné vie au rêve. Ou aux illusions…

« The Wild », la rive du ruisseau côté forêt.

Perles de pluie

La pluie lui a donné de l' eau 
elle en a fait des diamants
l'alchémille écrin de lumières
Alchemilla mollis

L’alchémille doit son nom aux alchimistes qui y récoltaient l’eau céleste. Les gouttes de rosée, condensé de vapeurs terrestre et céleste, célèbrent le mariage alchimique au creux de ses feuilles. C’est cette eau d’une parfaite pureté qui entraient dans la préparation de la pierre philosophale.

Le petit peuple préfère l’appeler « Manteau de Notre Dame », « Frauenmantel », « Lady’s Mantle » et la pare de toutes les vertus médicinales.

La pluie n’en finit pas de nous faire des cadeaux…

Bluebells

Enfin un printemps anglais ! Un printemps en vert et bleu. Elles manquaient tant à John ces nappes de brume bleue flottant dans les sous-bois. Where are the bluebells ? La question revenait à chaque printemps mais elles étaient là, dans le talus, à attendre des jours meilleurs.

Des jours meilleurs et de l’eau. Les jacinthes des bois sont revenues à la vie à la mort de nos épicéas victimes du scolyte. Du haut de leur 30 mètres, ils aspiraient chaque jour des milliers de litres d’eau dans le talus. Depuis leur disparition, la vie s’y déchaîne. Aujourd’hui, les bluebells doivent se battre pour exister au milieu des silènes blanches, des pervenches, du millepertuis, des mahonias et autres invasives.

Printemps pourpre

Pourpres printanières
Couleurs de sève
Du sang qui bat

Pourpres, les jeunes feuilles de nénuphar, pourpres les petites perles de l’érable du Japon…

Pourpres, les jeunes feuilles du rosier qui émerge de l’heuchère caramel…

Pourpre cardinalice des feuilles à peine écloses de l’arbre à perruques (Cotinus coggygria royal purple).

Pourpres les feuilles de l’érable du Japon, si fines, si légères comme une calligraphie qui se révèle au bord de l’étang.

Marronnier

Quand le grand marronnier s’ébroue

Toute sa marmaille de marrons s’impatiente

Eux aussi veulent bomber le torse

Mini-forêt de marrons germés

Il ne faudrait pas l’abandonner très longtemps pour que le jardin redevienne forêt…

Nous l’appellerons ‘Patience’

Alignement idéal des planètes? Miraculeuse alternance de douceur, de pluies, de chaleur ? Le magnolia ‘Fairy White’ ou magnolia Michelia s’est décidé à ouvrir ses gros bourgeons de velours fauve. En une semaine, ses fleurs d’un blanc éclatant s’ouvrent une à une. Féérique.

Magnolia ‘Fairy White’, le 2 avril 2024
Magnolia ‘Fairy White’, le 6 avril 2024

Planté en automne 2017, il aura fallu attendre sept ans pour découvrir que le pépiniériste ne nous avait pas menti : de sublimes fleurs aux pétales étroits, un cœur en bouquet d’étamines saillantes autour d’un pistil jaune pâle, un parfum subtil, « typé, fruité, légèrement citronné »… divin.

Fleur ‘Fairy White’ (10 cm) aux longs pétales découvrant son pistil au coeur d’un bouquet d’étamines jaunes.