Perles de pluie

La pluie lui a donné de l' eau 
elle en a fait des diamants
l'alchémille écrin de lumières
Alchemilla mollis

L’alchémille doit son nom aux alchimistes qui y récoltaient l’eau céleste. Les gouttes de rosée, condensé de vapeurs terrestre et céleste, célèbrent le mariage alchimique au creux de ses feuilles. C’est cette eau d’une parfaite pureté qui entraient dans la préparation de la pierre philosophale.

Le petit peuple préfère l’appeler « Manteau de Notre Dame », « Frauenmantel », « Lady’s Mantle » et la pare de toutes les vertus médicinales.

La pluie n’en finit pas de nous faire des cadeaux…

Bluebells

Enfin un printemps anglais ! Un printemps en vert et bleu. Elles manquaient tant à John ces nappes de brume bleue flottant dans les sous-bois. Where are the bluebells ? La question revenait à chaque printemps mais elles étaient là, dans le talus, à attendre des jours meilleurs.

Des jours meilleurs et de l’eau. Les jacinthes des bois sont revenues à la vie à la mort de nos épicéas victimes du scolyte. Du haut de leur 30 mètres, ils aspiraient chaque jour des milliers de litres d’eau dans le talus. Depuis leur disparition, la vie s’y déchaîne. Aujourd’hui, les bluebells doivent se battre pour exister au milieu des silènes blanches, des pervenches, du millepertuis, des mahonias et autres invasives.

Printemps pourpre

Pourpres printanières
Couleurs de sève
Du sang qui bat

Pourpres, les jeunes feuilles de nénuphar, pourpres les petites perles de l’érable du Japon…

Pourpres, les jeunes feuilles du rosier qui émerge de l’heuchère caramel…

Pourpre cardinalice des feuilles à peine écloses de l’arbre à perruques (Cotinus coggygria royal purple).

Pourpres les feuilles de l’érable du Japon, si fines, si légères comme une calligraphie qui se révèle au bord de l’étang.

Haïku printanier

Oiseaux en délire

Invasion de primevères

Pourquoi se fatiguer ?

Mais il y a de quoi faire…

Et on est bien récompensés de nos efforts.

Vernalisation

Petit coup de froid à la mi-décembre, douceur au nouvel an et la sauge de Jérusalem croit que le printemps est là. Du froid, du chaud et de copieux arrosages ont réveillé les graines restées captives dans les tubes des fleurs. Sans attendre de tomber dans la terre, les graines du Phlomis fructicosa se sont mises à germer sur pied.

Phlomis fructicosa, janvier 2024


Pas besoin donc de stratification à froid* comme je l’ai pratiquée (dans l’enthousiasme du jardinier débutant) aves les graines de delphinium. La météo s’en est chargé. Mais le froid qui nous arrive de Moscou va remettre les pendules à l’heure.

Phlomis fructicosa, septembre 2019

Pas d’inquiétude cependant. La sauge de Jérusalem résiste à tout, aux grands froids, aux canicules, à la sécheresse.

Phlomis fructicosa, juin 2023

*La vernalisation est une période de froid subie par une plante nécessaire pour la faire passer du stade végétatif au stade reproductif, c’est-à-dire pour enclencher la floraison. Certains laboratoires disposent de serres ou fosses équipées pour une « vernalisation contrôlée ».

Vernalisation et stratification sont deux notions différentes, bien que souvent confondues, la vernalisation est le phénomène biologique qui permet l’induction florale, alors que la stratification est un procédé technique permettant de lever la dormance, elle permet d’imiter artificiellement les conditions hivernales pour démarrer la germination.

Blanc

L’automne, « un deuxième printemps où chaque feuille est une fleur ».

L’hiver, une saison de froid brûlant

qui fait de chaque brindille une pépite.

Genêt à balais (Cytisus scoparius
Dernière rose sur l’arche du ‘catwalk’

Miscanthus Sinensis

Même les champignons se font brillants

Exidiopsis effusa

Floraisons

Floraisons d’un été sans fin. Les anaphalis ‘Neuschnee’ et ‘Sommerschnee’ continuent d’envahir les massifs de leurs corymbes neigeux. Les véroniques se réveillent. Madame David Austin et Queen Elizabeth offrent leurs plus belles roses et Gertrud Jekill a la folie des grandeurs. Sans doute pour ne pas se laisser noyer par la vague des floraisons d’automne : anémones du Japon et asters, orpins et dahlias, érigérons et saponaires…

Anaphalis ‘Sommerschnee’ (immortelles d’argent)
Queen Elizabeth
Sedum spectabile ‘Iceberg’ ou Grand orpin blanc
Asters

Anémones du Japon

Retour au jardin

On craignait la canicule. On a eu de grosses chaleurs. On craignait la sécheresse. Elle n’a pas duré. Protégé des cieux (pourvu que cela dure), notre coin de forêt a été généreusement arrosé par les orages, mais épargné par la grêle, et le ruisseau a repris son cours vers la Saône.

Les nénuphars se sont noyés sous la brusque montée des eaux de l’étang (300 millimètres en une seule nuit !) mais les massifs explosent de fleurs… et d’herbes folles.

Vernonia crinita ‘Mammuth’

La petite mare aux grenouilles a disparu dans une jungle de salicaires, de crocosmias, de roseaux de Chine, de verges d’or, de menthe des marais… et l’allée de chèvrefeuilles à feuilles de buis a besoin d’une taille urgente.

Solidago, Mentha aquatica, Lythrum salicaria, Crocosmias, Miscanthus sinensis Gracillimus, etc.

Nous nous préparions à la mort programmée des hortensias et des hydrangéas mais l’espoir renaît, même s’il ne s’agit probablement que d’un sursis.

Hydrangea serrata ‘Blue Bird’

A l’abri de toute cette frénésie végétale, la saison est aussi à la contemplation et aux confidences entre pattes blanches…

Petit Poutou et son confident, tout doux sous ses allures de porc-épic

Hide and seek

Cache-cache ? Tu as dit cache-cache ? Encore une expression française qui n’a aucune logique selon John. L’anglais est bien plus parlant, comme toujours. Hide and seek, cacher et chercher, c’est bien cela la règle du jeu.

C’est le jeu préféré des chats dans le lit du ruisseau quand il n’y reste qu’un filet d’eau.

Mais où se cache Nikita ? se demande le petit Poutou.

Un jeu corsé par le talent de Nikita à se fondre dans le décor…

Nikita a le camouflage idéal pour disparaître dans les rochers de grès. Mais quelle élégance au milieu des hostas.

Jardin partagé (1) – Graines, cocons et autres promesses de vie

Joie d’ouvrir le jardin, de partager les derniers éclats des pivoines, la générosité des rosiers, les premières panicules d’hydrangéa. Joie de voir les visiteurs s’attarder longuement à la découverte des plantes et des arbres, des libellules et des grenouilles, s’abandonner à la contemplation ou se laisser surprendre par des apparitions…

Collines, céramiques de Bernard Defer

Bernard Defer a parsemé le jardin jusqu’au lit du ruisseau de promesses de vie: graines, semences et cocons, blocs d’argile pétrifiés, comme autant de signes donnés par la nature sur sa capacité à se régénérer.

« Malgré l’aspect tourmenté et stérile de cette surface, la fleur va surgir de sa graine, avec difficulté, mais porteuse d’espoir ».

Et parmi les belles promesses de vie et de survie pour la prochaine canicule, le phlomis, ou sauge de Jérusalem, qui est devenu un beau buisson lumineux très apprécié des butineuses.

Merci à Roselyne et Michel pour leurs photos.