Bluebells

Enfin un printemps anglais ! Un printemps en vert et bleu. Elles manquaient tant à John ces nappes de brume bleue flottant dans les sous-bois. Where are the bluebells ? La question revenait à chaque printemps mais elles étaient là, dans le talus, à attendre des jours meilleurs.

Des jours meilleurs et de l’eau. Les jacinthes des bois sont revenues à la vie à la mort de nos épicéas victimes du scolyte. Du haut de leur 30 mètres, ils aspiraient chaque jour des milliers de litres d’eau dans le talus. Depuis leur disparition, la vie s’y déchaîne. Aujourd’hui, les bluebells doivent se battre pour exister au milieu des silènes blanches, des pervenches, du millepertuis, des mahonias et autres invasives.

Dernier arc-en-ciel

Il n’aura fallu qu’une matinée pour démonter dix épicéas de 30 mètres de hauteur et de plusieurs décennies d’âge. Et c’est en moins d’une heure que leurs dépouilles ont été réduites en broyats dans un grand vacarme et dans de grandes vapeurs poussiéreuses au parfum de résine.

Et l’on comprend alors ce que la déforestation veut dire. Que le progrès, c’est la vitesse. Que la vitesse, c’est la violence.

Et l’on se souviendra des merveilleux arcs-en-ciel qui s’accrochaient aux branches de nos épicéas…