La grande férule en majesté
Soleil des Hellènes
Délices des abeilles


En dix jours, ce qui a soudainement surgi comme un niwaki, un arbre nuage, a déployé ses ombelles d’un jaune rayonnant.

entre étang et ruisseau, rosiers et vivaces
La grande férule en majesté
Soleil des Hellènes
Délices des abeilles


En dix jours, ce qui a soudainement surgi comme un niwaki, un arbre nuage, a déployé ses ombelles d’un jaune rayonnant.
Le chat peut toujours espérer, elles ne se laisseront pas prendre. La force de l’équipe et la stratégie de la diversion l’emporteront toujours sur la patience et l’obstination du chat à l’affût. Au premier mouvement de patte, le ballet asynchronisé des grenouilles lui fait perdre la tête. Moralité : impossible de chasser vingt lièvres à la fois.

Que les admirateurs des Green Girls se rassurent. La troupe sera complète pour l’ouverture du jardin des 1er, 2 et 3 juin.
En tout début de printemps, quand seules les tulipes et les narcisses animaient le Jardin d’Adoué, je n’ai vu que lui : un grand buisson vaporeux au beau feuillage vert tendre, d’une improbable luxuriance au mois d’avril. Je suis rentrée avec un petit plant de cette vivace chevelue. Depuis quatre ans, elle donnait une jolie boule de feuillage qui se fondait peu à peu dans les touffes voisines.
Mais voilà que ce printemps, elle se décide à fleurir. On n’en est encore qu’aux boutons et j’espère qu’ils vont prendre leur temps pour s’ouvrir…

A contempler cette belle architecture végétale, j’ai l’impression que la nature m’a offert un arbre en nuages, un arbre de jardin japonais, un niwaki.
Bientôt cette Ferula communis déploiera ses fleurs, de grandes ombelles semi-sphériques jaune d’or à étamines saillantes. Originaire du bassin méditerranéen mais résistante au froid comme à la sécheresse, la Grande Férule doit son nom à Pline l’Ancien, « ferula » signifiant en latin « la férule », « la cravache », sa tige sèche servait de baguette pour guider la lecture des élèves au tableau.

« Inratable » nous avait promis notre pépiniériste du Jardin d’Adoué. Et elle ne mentait pas. Le camassia, qui disparaît totalement en hiver, ressurgit en avril pour fleurir en temps et en heure. Ses longs épis se couvrent d’étoiles bleues aux fines étamines jaunes.

Ce Camassia si bien nommé ‘Caerulea’, d’un bleu venu des cieux, me rappelle plus que toute autre fleur l’extraordinaire histoire de la couleur bleue racontée par Michel Pastoureau. Ou comment le bleu, couleur barbare méprisée dans l’Antiquité, est devenu la couleur préférée du monde occidental. Au rouge et aux couleurs de feu exaltés par les Grecs et les Romains, les Chrétiens préfèrent le bleu céleste, une couleur « spirituelle », proche des cieux et de l’eau qui purifie.
Bleu en puissance des iris qui se préparent pour la prochaine ouverture du jardin devant le bleu intense des pervenches…

Bleu sauvage et envahissant comme l’Ajuga reptans, si injustement nommée « bugle rampante ». Elle mérite des sonorités pour légères.

Bienvenue dans notre jardin
les samedi, dimanche et lundi 1er, 2 et 3 juin 2024

à 10 km de Vittel, à Senonges (D5), route de Relanges (C1)
sur le circuit des Ateliers ouverts de l’association Pigment’T
Floraisons de rosiers et de vivaces
Exposition de sculptures, céramiques, créations textiles et végétales
de 10 h à midi et de 14 h à 18 heures
Entrée gratuite – libre participation au chapeau au profit de l’association Crins Blancs
De canicule en sécheresse, le rêve de voir un jour fleurir une vallée d’azalées et de rhododendrons le long du ruisseau s’était bien rabougri. Côté jardin, dans le creux de la pente, ils prospèrent plus que de raison, étouffant leurs voisins hydrangéas.

Côté forêt, ils vivotaient à moins qu’ils n’aient déjà succombé. Et voilà qu’un hiver et un printemps de pluie ont redonné vie au rêve. Ou aux illusions…

La pluie lui a donné de l' eau
elle en a fait des diamants
l'alchémille écrin de lumières

L’alchémille doit son nom aux alchimistes qui y récoltaient l’eau céleste. Les gouttes de rosée, condensé de vapeurs terrestre et céleste, célèbrent le mariage alchimique au creux de ses feuilles. C’est cette eau d’une parfaite pureté qui entraient dans la préparation de la pierre philosophale.
Le petit peuple préfère l’appeler « Manteau de Notre Dame », « Frauenmantel », « Lady’s Mantle » et la pare de toutes les vertus médicinales.

La pluie n’en finit pas de nous faire des cadeaux…
Enfin un printemps anglais ! Un printemps en vert et bleu. Elles manquaient tant à John ces nappes de brume bleue flottant dans les sous-bois. Where are the bluebells ? La question revenait à chaque printemps mais elles étaient là, dans le talus, à attendre des jours meilleurs.

Des jours meilleurs et de l’eau. Les jacinthes des bois sont revenues à la vie à la mort de nos épicéas victimes du scolyte. Du haut de leur 30 mètres, ils aspiraient chaque jour des milliers de litres d’eau dans le talus. Depuis leur disparition, la vie s’y déchaîne. Aujourd’hui, les bluebells doivent se battre pour exister au milieu des silènes blanches, des pervenches, du millepertuis, des mahonias et autres invasives.
Pourpres printanières
Couleurs de sève
Du sang qui bat

Pourpres, les jeunes feuilles de nénuphar, pourpres les petites perles de l’érable du Japon…
Pourpres, les jeunes feuilles du rosier qui émerge de l’heuchère caramel…


Pourpre cardinalice des feuilles à peine écloses de l’arbre à perruques (Cotinus coggygria royal purple).

Pourpres les feuilles de l’érable du Japon, si fines, si légères comme une calligraphie qui se révèle au bord de l’étang.
Quand le grand marronnier s’ébroue
Toute sa marmaille de marrons s’impatiente
Eux aussi veulent bomber le torse

Il ne faudrait pas l’abandonner très longtemps pour que le jardin redevienne forêt…

