Un parfum d’avant

Cher Claude, il y a à peine un an et quelques semaines que vous avez quitté ce monde et vous ne le reconnaîtriez plus. Savez-vous que l’interdit que vous avez cloué sur la porte de votre atelier pourrait aujourd’hui causer de violents conflits ? Auriez-vous imaginé que nous serions un jour masqués et muselés ?

Dans ce naufrage, votre jardin tient bon, nous y veillons. Nous continuons la lutte contre le reboisement du fond du jardin. Les faînes nous défient comme jamais à germer ainsi sur un terrain qui refuse de laisser pousser une pelouse.

Certes, il y a des changements mais l’essentiel est là. Nous venons de remettre en fonction votre « réseau hydraulique ». Et comme chaque fois que nous pensons à vous, il flotte comme un parfum d’avant, avant-confinement, avant-muselage, avant-formatage des consciences. Un parfum de badinage, d’esprit mutin, de notes improvisées au piano, un délicat parfum de légèreté.

39 Replies to “Un parfum d’avant”

  1. Je ne connaissais pas Claude mais j’aime beaucoup ton hommage à cet homme et son humour. C’est vrai que maintenant nous devons réfléchir trois fois avant de parler par crainte de vexer les sensibilités de quelqu’un. Quand on ajoute à cela la situation sanitaire l’ensemble devient un peu pesant. Nous avons terriblement besoin de ce parfum de légèreté que nous avons connu il n’y a pas si longtemps. Belle journée Danielle

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    1. Merci Judith de partager ma nostalgie. J’essaie de me rassurer en me disant que, dans notre confinement, nous n’entendons que le politiquement correct des médias et que dans « la « vraie vie », les gens savent encore rire et sourire de tout. Mais je n’en suis qu’à moitié convaincue… Avec la disparition de la génération de Claude (les nonagénaires), j’ai l’impression que c’est tout un monde qui disparaît. Restent leurs jardins ! Amitiés, Danielle

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  2. Bravo Danielle pour cet hommage touchant, et merci de nous le partager.
    Continues de prendre soins de ce magnifique jardin, symbole de vie et de liberté. Le temps des muselières et des restrictions finira par s’arrêter, il faut garder l’espoir.

    Bien à toi

    Ben

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  3. Merci Danielle,
    la plaque est très drôle et ton hommage est très touchant.
    Il reste toujours l’esprit de quelqu’un en son jardin. Le potager que je fais, arrive après un potager entretenu pendant 15 ans. J’ai du respect pour cet endroit et pour les projets merveilleux et les intentions qu’il y avait déposé.
    Tes images sont superbes !
    pleine de la fougue du printemps
    bises de chez nous💖
    Corinne

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    1. Merci Corinne ! C’est étrange mais pour moi, c’est le printemps la saison de toutes les nostalgies. Sans doute le regret de ne pas pouvoir partager le renouveau de la nature avec ceux qui ont disparu… Je suis impatiente de voir les récoltes de ton potager ! Amitiés, danielle

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      1. Sûrement…je ne sais pas si c’est mon histoire d’être née sur un autre pôle mais longtemps j’ai gardé en tête des impressions liées à l’été quand nous étions en hiver et inversement…ça enrageait ma mère qui me disait souvent que je portais des pulls en été et des chemisiers en hiver😅
        Chaque année au mois de juin, je ressens le stress de l’approche du baccalauréat, et mieux tous les ans le jour de mon anniversaire (28.09) je repense au temps qu’il faisait le jour de mes 30 ans, ce jour là je partais à St Jacques pour la première fois. Et bien tous les ans je sais qu’à cette saison en Espagne il y a des journées encore écrasantes de chaleur. Et mon cœur est soudain beaucoup plus léger, comme prêt pour l’aventure…
        Les saisons laissent en nous des impressions, des émotions, des souvenirs auxquels nous ne résistons pas. C’est fascinant.
        je t’embrasse bien fort, et j’aime beaucoup ta façon très élégante et lumineuse d’évoquer la mémoire de cet ami.
        Corinne

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      2. Oui, Corinne, la mémoire a ses secrets, des associations de pensées, de sensations, d’émotions qui s’entremêlent et se réveillent quand on ne s’y attend pas. C’est parfois angoissant mais, comme tu dis, tellement fascinant. C’est la meilleure façon de vivre l’angoisse que de se laisser aller à la fascination. Ou de marcher sur la route des pèlerins… Merci encore Corinne de partager mon hommage à notre ami Claude, je t’embrasse, Danielle

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  4. bel hommage! et bravo de prendre soin de ce jardin (oui, je reconnais les plantules des futurs hêtres! chez moi c’était les frênes que je devais traquer, comme le petit Prince ses pousses de baobabs ;-))

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    1. Oui, Adrienne, ce sont bien des faînes (et non de futurs frênes). Ces hêtres en puissance nous donnent du fil à retordre mais ils me rassurent. En dépit de toutes les agressions, la forêt n’est pas près de se laisser manger par la civilisation. 🙂

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      1. Par chez nous aussi, aux endroits de la fosse septique installée l’été dernier la pelouse est engorgée d’eau et elle galère, et d’ici un mois si ça fait comme l’an passé, tout va sécher… je pense semer un peu plus de pelouse ainsi que du trèfle blanc qui aide bien le gazon, et sans doute arrêter la tonte bien avant les grosses chaleurs, à voir…

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      2. Avant il y avait systématiquement du trèfle blanc mélangé aux semences de pelouses, mais les grandes firmes ont fini par faire intégrer l’idée qu’un gazon devait être 100% graminé histoire de vendre moultes herbicides, mais le trèfle blanc que l’on trouve par endroit naturellement devrait être de préférence ajouté aux nouvelles pelouses en les achetant à part (vu qu’ils n’y sont plus inclus depuis quelques dizaines d’années…)

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      3. 《 Aussi, souvent les semences de gazon à entretien minimal contiennent aussi du trèfle blanc (sinon, on peut en ajouter lors de l’ensemencement). Le trèfle est toujours utile, car il fournit de l’azote aux graminées et reste vert même lors des pires sécheresses. 》
        Voilà pour quelques explications 🙂

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  5. Ces mots sensibles lui seront rapportés, où qu’il se trouve, j’en suis sûre. Claude continue de vivre, au bout du compte. C’est bien. Adoré sa pancarte, qui aurait fait hurler les féministes, du moins celles dépourvues d’humour. Merci pour ce partage de sentiments. Les photos font du bien.

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  6. Un bel hommage.
    Je trouve joli ces petits bébés hêtres, faut les manger les faînes :D, y’en aura moins qui germeront comme ça, c’est très bon. J’ai quelques hêtres dans le bois, mais un seul assez vieux pour produire des faînes, et les rongeurs et compagnie mangent tout rapidement. Bonne soirée

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    1. Chère CIndy, moi aussi, je les appelle les bébés de la forêt. Le problème après, c’est de les sacrifier. Quant à manger les faînes, il y en a tellement, c’est par kilos qu’on peut les récolter. Si tu en veux, je peux t’en envoyer. C’est de la qualité : l’ONF locale en expédie pour repeupler des hêtraies à travers la France. Amitiés, Danielle

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  7. Quelle pancarte géniale ! Exactement le genre d’humour dont je raffole. En effet, la disparition des nonagénaires va laisser un grand vide, que ce soit en termes de valeurs ou de vision du monde de façon plus générale. Heureusement, derrière la jeunesse creuse qui fait entendre sa voix partout, il reste aussi des gens bien dans les nouvelles générations, qui œuvrent pour faire perdurer ce en quoi nos anciens croyaient !

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  8. Bel hommage. Oui, les personnes de très grand âge disparues il y a un an auront au moins échappé à un long isolement…
    Ici, ce sont les samares qui font pousser dans les pelouses, les plates-bandes et même les bacs et pots sur ma terrasse, de petits érables indésirables qu’on arrache à la main. On dirait qu’il en vient plus chaque année !

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    1. Merci, Tania, pour ta sympathie. En effet, j’ai pensé que Claude a, au moins, eu droit à des funérailles dignes d’un humain. Ce qui n’a pas été le cas pour beaucoup de malades condamnés à la solitude.
      Quant à la pelouse, je vais expérimenter la solution de grainesdeverdure l le trèfle blanc. A suivre…

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  9. Tout à fait d’accord avec ton ressenti, Danielle. Nos libertés ont fondu comme neige au soleil et ce n’est pas seulement par la faute du Covid mais à cause de tout un état d’esprit qui traîne dans la société, entre délation et flicage ! Ton article est un grand bol d’air frais 🙂

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