Honte et jubilation

Jubilation d’abord. Joie enfantine de trouver au réveil le jardin tout blanc, tout lisse, éblouissant de douceur. Plaisir coupable d’enfoncer ses pas dans la neige, de laisser des traces humaines dans ce calme parfait.

Mais la nuit n’a pas été calme. Pas du tout. En remontant le sentier le long du ruisseau, je découvre que je suis les traces d’un promeneur solitaire, le renard sans doute. Puis je croise une route très fréquentée par de petites pattes qui ont creusé un tunnel sous le grillage. Plus haut, une autre route, creusée par des pattes plus grandes qui ont sauté par-dessus la clôture.

Autour de l’étang, c’était une nuit de chassés-croisés comme on n’en voit que les jours de grand départ. Des piétinements intensifs vers les rives. Des traces de pattes jointes, probablement un lièvre. Des traces à cinq « doigts »… qu’est-ce donc ?

La honte. Après dix années de vie dans la forêt, on est à peine capables de distinguer les empreintes de biches, de chevreuils et de sangliers dans la forêt. Dans le jardin qui grouille de vie, on ne connaît toujours pas nos hôtes.

Seuls les chats savent. C’est pour cela qu’ils sont si prudents.

17 Replies to “Honte et jubilation”

  1. Quel beau texte, prenant, qui titille l’imaginaire. Doit-on vraiment tout savoir sur les visiteurs ? Cela dépend du tempérament de chacun. Cela me fait penser : un ami, ayant abandonné son métier dans la mode pour ouvrir un magasin de fleurs, m’a répondu, un jour que je demandai le nom d’une fleur : qu’importe le nom, contentons nous de l’admirer, de l’emporter et de la soigner.

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    1. Chère Renée, je suis heureuse de t’avoir entrainée dans ma promenade sur les traces de nos petits voisins. Cependant, je reste frustrée de ne pouvoir les nommer. J’ai appris à mieux regarder les fleurs, à mieux les aimer, en distinguant les espèces et les sous-espèces. Avec les petites bêtes sauvages, c’est plus difficiles mais je ne désespère pas d’y arriver. J’imagine que le parc de la Tête d’or est somptueux sous la neige…

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  2. L’empreinte à 5 doigts pourrait bien être celle d’un blaireau.
    Pour t’aider à y voir plus clair, il y a ce lien http://www.ma-chasse.com/mammif.shtml.
    Dans ma bibliothèque j’ai « Guide des traces d’animaux » de P.Bang et P.Dahlström ainsi que « Traces et indices d’animaux » de la série verte de l’Onf (mais j’ai l’impression que ne le trouve plus du tout même d’occasion.
    Lorsque la neige est tombée durant la nuit, mon plaisir est d’être la première à me promener au jardin et à découvrir les pistes laissées par les animaux sauvages.

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    1. Merci, merci, Berthille ! Je retiens l’adresse car les sites que j’avais consultés étaient beaucoup moins complets et moins clairs. En effet, il semble que nous ayons eu la visite d’un blaireau. Même si les traces de griffes sont absentes, la forme et la taille correspondent. Et comme il me semble avoir reconnu un putois près de notre stock de bois en rentrant cet après-midi, j’espère qu’il viendra enfoncer ses petites pattes dans la prochaine neige…
      Je ne sais pas pourquoi je ne reçois plus les notifications de tes articles (il semble qu’il y ait incompatibilité d’humeur entre WP, Overblog, Blogger et les autres). Je vais réessayer de te suivre. Peut-être trouverai-je des traces de tes petits visiteurs dans la neige…
      Bonne année ! Danielle

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