Hibernation caniculaire ?

Signe qui ne trompe pas : Vosges Matin a revu sa page météo. Le graphique des températures s’est décalé de + 5 degrés. Depuis des semaines, la courbe sortait du cadre. Ainsi donc les 35 à 40 degrés sont devenus des « normales de saison » sous la ligne bleue des Vosges.

Nos épicéas n’y survivront pas. Les hydrangeas ‘Precioza’ et ‘Vanille fraise » non plus. D’autres, comme les chats et comme notre bel hydrangea ‘Koria’, sont passés en mode « économie d’énergie ».

D’autres sont franchement tombés en léthargie, comme en hibernation. Et quand la fraîcheur de la pluie les a réveillés, ils ont dû croire que c’était le printemps… A moins que notre rhododendron ne soit déjà en train de muter… Ou peut-être devrais-je l’appeler Cassandre : les jours étant comptés, aurait-il décidé de fleurir et refleurir au plus vite ?

Rhododendron en floraison d’automne

Quel est ce silence ?

On n’osait plus y croire mais l’orage tant attendu a éclaté. La pluie donnera peut-être un nouveau sursis au jardin. Déjà, les rosiers annoncent une nouvelle floraison et les agapanthes, imperturbables sous la canicule, se délectent des gouttes d’eau.

alchémille mollis

Dans la délicieuse fraîcheur de ces derniers petits matins, c’est le silence. Les grenouilles et les insectes sont invisibles, comme les oiseaux. Seuls quelques cris timides et lointains nous donnent signe de vie.

Hydrangea ‘Blue Bird’

Pourquoi, alors que le jardin est enfin arrosé, fumant de parfums, tout le monde l’a-t-il déserté ? Pour les oiseaux, pas de quoi s’inquiéter, nous a rassurés la Ligue de protection des oiseaux : « vos mésanges et vos pinsons sont partis dans la forêt » sans doute plus appétissante que notre jardin.

Papillon endormi sur une feuille d’alchémille

Alerte orange

Alerte orange sur les Vosges. Ca ne devrait pas virer au rouge, grâce à la fraîcheur nocturne, mais les vieux hortensias souffrent. Les plantations anti-canicule de l’automne 2019 (glycines et chèvrefeuilles) ne sont pas encore de taille à assurer leur protection. Il a fallu déployer la grand’ voile…

Et nous, pauvres humains qui avons perdu tout bon sens, nous nous fions à l’infaillible instinct des chats pour organiser nos journées.

Les chats qui ne mettent pas une patte dehors entre 10 et 18 heures et qui, même dans la fraîcheur du soir, économisent leurs forces.

Bizarre, bizarre…

Des fleurs attendues au printemps qui fleurissent en été, d’autres qui disparaissent, dissoutes par les pluies et celles qui réapparaissent, ressuscitées par les pluies… . D’autres encore ont tant attendu leur heure qu’elles prennent des proportions inattendues…

Les cosmos, restés chétifs tout l’été, atteignent près de 2 mètres 50 de hauteur et leur floraison est bien décidée à résister aux petits matins frileux.

Des rhododendrons en fleurs (timides) dans le sous-bois, un hydrangéa qui donne sa première fleur en même temps que le rougissement de son feuillage, les lis de Guernesey qui se réveillent enfin…

Et les couleurs incomparables de l’automne. Sur fond d’ocres et de terra cota, le feuillage de l’hortensia bleu prend des nuances d’améthyste au violet profond.

Un dernier petit matin aux couleurs d’été indien…

Bleus

Septembre. Dernières journées de chaleur, dernières nuances de fraicheur : les bleus s’effacent peu à peu, les ors et les pourpres vont bientôt enflammer la forêt. Mais le bleu est-il vraiment une couleur froide ? Peut-être sur le nuancier du marchand de couleurs, dans le jardin, c’est plus discutable…

Bleu volubile, bleu triomphant du « Morning Glory », bleu modeste d’une ipomée partie à l’assaut de la gouttière…

Bleu saphir des pépites au coeur de l’hydrangéa ‘Koria’, petites étincelles volées à l’art japonais des jardins…

Bleu d’un été de pluie : bleu du bonheur des agapanthes, épanouies comme en Bretagne ou en Normandie, alors que des hyménocalles , il ne reste qu’une seule rescapée.

Bleu insaisissable pour le photographe : le bleu du ‘Blue Deckle’, bleu candide et intense à la fois…

Bleu anarchique des pérovskias, aux longues tiges incontrôlables. Ce sera le défi de l’an prochain : trouver la position où elles pourront s’épanouir avec un peu plus d’élégance et de tenue…

Precioza

Entre deux séances de contemplation de l’oeuvre de Land Art qui s’est imposée à nous, nous ne nous laissons pas abattre. Le bûcheron de la commune ne devrait pas tarder pas à enlever ce grand corps trop chargé de fruits qui n’a pu supporter, en plus, le poids de la pluie. En attendant, nous admirons le spectacle et le ballet des oiseaux qui apprécient ce nouveau poste d’observation.

Côté plantations, nous restons fidèles à la Pépinière de la Thyle. Comme chaque été, nous étions au rendez-vous de Thierry de Ryckel venu de Belgique au jardin de Berchigranges avec le meilleur de ses productions d’hydrangéas. Toujours enthousiaste pour faire découvrir la diversité des spécimens qui se sont épanouis dans le jardin, il est toujours aussi précis dans le conseil au débutant comme au collectionneur. Cette année, nous sommes revenus avec le bien nommé ‘Precioza’…

C’est son feuillage et la couleur de ses tiges qui m’ont d’abord attiré le regard. Un beau feuillage mat et vigoureux dans un dégradé de vert tendre au bronze pourpré annonciateur des riches couleurs de l’automne. Le rouge de ses tiges, fines mais solides, apporte une grande légèreté à cet arbuste très ramifié, buissonnant tout en rondeur.

Et puis il y a ses fleurs, de petites sphères légèrement aplaties : ‘Precioza’ est un hybride de macrophylla et de serrata. Comme tous les serratas, il jouit d’une grande résistance au froid et aux gels printaniers, ses ascendants sont originaires des montagnes du Japon et de Corée.

Les couleurs évoluent de l’éclosion à la fanaison, donnant ainsi une belle diversité de tonalités durant toute la saison. La floraison débute dans les tons blanc crème avec des nuances de vert et des liserés roses pour évoluer vers des roses de plus en plus francs qui tourneront au cramoisi à l’automne.

Il lui faut du soleil pour prendre des couleurs mais pas de rayons brûlants. Après quelques recherches d’emplacement, on a fini par déterrer un hydrangea Annabelle devenu trop « voyant » avec ses énormes boules blanches (la terre lui est « trop favorable » selon Thierry de Ryckel) pour le planter à l’ombre des rhododendrons qui bordent le ruisseau. Il atteindra bientôt sa taille adulte de 1 m 20 en hauteur comme en largeur. Mais à en juger par le magnifique spécimen de Berchigranges, en terre favorable, on pourrait le voir se déployer davantage…

A lire, à étudier et à rêver :

A visiter :

Jardin de Berchigranges

Pépinière de la Thyle

Eclosions d’hydrangéas

Ils seront bientôt somptueux. Macrophylla, paniculata, arborescents, ils fleuriront généreusement tout l’été sans demander d’autre attention que l’arrosage. Mais je crois que c’est en tout début de floraison que je les préfère. Hortensias de « grand-mère », installés depuis des décennies par nos prédécesseurs, ou hydrangéas plus rares venus de jardins japonais, l’éclosion de leurs premières fleurs est particulièrement émouvante.

Hortensia macrophylla « boule » , ‘Blaue Donau’ ?
Hydrangea arborescens ‘Annabelle’ dont les jolies ombelles vertes annoncent de généreuses boules blanches.
H. paniculata ‘Early Sensation’
Hydrangea paniculata ‘Vanille fraise’.
Hortensia macrophylla « boule » , ‘Bouquet rose’ ?
Hydrangea macrophylla ‘Alpenglühen » ?, au feuillage charnu, qui vire au grenat doublé de violet à l’automne pour de magnifiques bouquets secs.
Hydrangea arborescens ‘Spirit Invincibelle’, Annabelle rose qui porte bien son nom : elle a résisté à la sécheresse, à la canicule, aux vents d’hiver qui soufflent sur l’étang.

Bonnes nouvelles de l’été

Les arbres souffrent, les fleurs ont soif, les bergeronnettes ont presque disparu mais… les abeilles sont revenues en nombre comme jamais depuis notre premier été en 2014. Et quantité d’insectes inconnus…

Une élégante bestiole aux longues pattes qui a choisi une feuille de l’hydrangea Hot Chocolate pour se faire discrète.